Maisce quâil y a de fou dans le monde, voilĂ ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce quâil y a de faible dans le monde, voilĂ ce que Dieu a choisi pour confondre la force.Il y a vingt ans, le 24 mars 1999, treize Ătats membres de lâOrganisation du traitĂ© de lâAtlantique nord OTAN, dont les Ătats-Unis, la France et lâAllemagne, bombardaient la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie. Cette guerre dura soixante-dix-huit jours et se nourrit de bobards mĂ©diatiques destinĂ©s Ă aligner lâopinion des populations occidentales sur celle des Ă©tats-majors. Les Serbes commettent un gĂ©nocide », jouent au football avec des tĂȘtes coupĂ©es, dĂ©pĂšcent des cadavres, arrachent les fĆtus des femmes enceintes tuĂ©es et les font griller », prĂ©tendit le ministre de la dĂ©fense allemand, le social-dĂ©mocrate Rudolf Scharping, dont les propos furent repris par les mĂ©dias ; ils ont tuĂ© de 100 000 Ă 500 000 personnes » TF1, 20 avril 1999, incinĂ©rĂ© leurs victimes dans des fourneaux, du genre de ceux utilisĂ©s Ă Auschwitz » The Daily Mirror, 7 juillet. Une Ă une, ces fausses informations seront taillĂ©es en piĂšces â mais aprĂšs la fin du conflit â, notamment par lâenquĂȘte du journaliste amĂ©ricain Daniel Pearl The Wall Street Journal, 31 dĂ©cembre 1999. Tout comme se dĂ©gonflera lâune des plus retentissantes manipulations de la fin du XXe siĂšcle le plan Potkova fer Ă cheval », un document censĂ© prouver que les Serbes avaient programmĂ© lâ Ă©puration ethnique » du Kosovo. Sa diffusion par lâAllemagne, en avril 1999, servit de prĂ©texte Ă lâintensification des bombardements. Loin dâĂȘtre des internautes paranoĂŻaques, les principaux dĂ©sinformateurs furent les gouvernements occidentaux, lâOTAN ainsi que les organes de presse les plus respectĂ©s 1. Parmi eux, Le Monde, un quotidien dont les prises de position Ă©ditoriales servent alors de rĂ©fĂ©rence au reste de la galaxie mĂ©diatique française. Sa rĂ©daction, dirigĂ©e par Edwy Plenel, admet avoir fait le choix de lâintervention 2 ». En premiĂšre page de lâĂ©dition du 8 avril 1999, un article de Daniel Vernet annonce Ce plan âFer Ă chevalâ qui programmait la dĂ©portation des Kosovars ». Le journaliste reprend les informations dĂ©voilĂ©es la veille par le ministre des affaires Ă©trangĂšres allemand, lâĂ©cologiste Joschka Fischer. Ce plan du gouvernement de Belgrade dĂ©taillant la politique de nettoyage ethnique appliquĂ©e au Kosovo ⊠porte le nom de code de plan âFer Ă chevalâ, sans doute pour symboliser la prise en tenaille des populations albanaises », Ă©crit Vernet, pour qui la chose paraĂźt faire peu de doutes ». Deux jours plus tard, le quotidien rĂ©cidive sur toute la largeur de sa une » Comment [Slobodan] MiloĆĄeviÄ a prĂ©parĂ© lâĂ©puration ethnique ». Le plan serbe âPotkovaâ programmait lâexode forcĂ© des Kosovars dĂšs octobre 1998. Il a continuĂ© dâĂȘtre appliquĂ© pendant les nĂ©gociations de Rambouillet. » Le Monde Ă©voque un document dâorigine militaire serbe » et reprend Ă nouveau les allĂ©gations des officiels allemands, au point de reproduire lâintĂ©gralitĂ© dâune note de synthĂšse â ce quâon appellerait aujourdâhui les Ă©lĂ©ments de langage » â distribuĂ©e aux journalistes par lâinspecteur gĂ©nĂ©ral de lâarmĂ©e allemande. Berlin entend alors justifier auprĂšs dâune opinion plutĂŽt pacifiste la premiĂšre guerre menĂ©e par la Bundeswehr depuis 1945, de surcroĂźt contre un pays occupĂ© cinquante ans plus tĂŽt par la Wehrmacht. Or ce plan est un faux il nâĂ©mane pas des autoritĂ©s serbes, mais a Ă©tĂ© fabriquĂ© Ă partir dâĂ©lĂ©ments compilĂ©s par les services secrets bulgares, puis transmis aux Allemands par ce pays, qui fait alors du zĂšle pour rentrer dans lâOTAN. Le pot aux roses sera rĂ©vĂ©lĂ© le 10 janvier 2000 par lâhebdomadaire Der Spiegel et confirmĂ© douze ans plus tard par lâancienne ministre des affaires Ă©trangĂšres bulgare. A posteriori, le document aurait dĂ» inspirer dâautant plus de mĂ©fiance que fer Ă cheval » se dit potkovica en serbe, et non potkova, ainsi que le remarqua dĂšs le 15 avril 1999 le dĂ©putĂ© allemand Gregor Gysi devant le Bundestag. En mars 2000, le gĂ©nĂ©ral de brigade allemand Heinz Loquai exprime dans un livre ses doutes sur lâexistence dâun tel document » ; son enquĂȘte oblige M. Scharping Ă admettre quâil ne dispose pas dâune copie du plan » original. Au mĂȘme moment, le porte-parole du Tribunal pĂ©nal international pour lâex-Yougoslavie qualifie les Ă©lĂ©ments du prĂ©tendu plan de matĂ©riel peu probant » Hamburger Abendblatt, 24 mars 2000 ; et la procureure Carla Del Ponte nây fera mĂȘme pas rĂ©fĂ©rence dans lâacte dâaccusation de MiloĆĄeviÄ en 1999 puis en 2001. La guerre, avait expliquĂ© Plenel peu aprĂšs le dĂ©but des bombardements, câest le dĂ©fi le plus fou pour le journalisme. Câest lĂ quâil prouve ou non sa crĂ©dibilitĂ©, sa fiabilitĂ© 3. » Lâinvestigateur nâest jamais revenu sur ce grand Ă©cart avec lâamour des petits faits vrais » quâil proclame dans son livre pamphlet en faveur de lâintervention de lâOTAN 4. Le Monde Ă©voquera Ă nouveau le faux, mais comme sâil lâavait toujours considĂ©rĂ© avec prudence âFer Ă chevalâ reste un document fort controversĂ©, dont la validitĂ© nâa jamais Ă©tĂ© prouvĂ©e » 16 fĂ©vrier 2002. SpĂ©cialistes des Balkans, les journalistes Jean-Arnault DĂ©rens et Laurent Geslin qualifient pour leur part le plan Potkova dâ archĂ©type des fake news diffusĂ©es par les armĂ©es occidentales, repris par tous les grands journaux europĂ©ens 5 ». La cĂ©lĂ©bration dâun anniversaire nâaurait pas justifiĂ© Ă elle seule quâon revienne sur cette affaire. Mais certaines de ses consĂ©quences pĂšsent encore sur la vie internationale. Pour ce qui fut sa premiĂšre guerre depuis sa naissance en 1949, lâOTAN choisit dâattaquer un Ătat qui nâavait menacĂ© aucun de ses membres. Elle prĂ©texta un motif humanitaire et agit sans mandat des Nations unies. Un tel prĂ©cĂ©dent servit les Ătats-Unis en 2003 au moment de leur invasion de lâIrak, lĂ encore aidĂ©e par une campagne de dĂ©sinformation massive. Quelques annĂ©es plus tard, la proclamation par le Kosovo de son indĂ©pendance, en fĂ©vrier 2008, mettrait Ă mal le principe de lâintangibilitĂ© des frontiĂšres. Et la Russie se fonderait sur cette indĂ©pendance lorsque, en aoĂ»t 2008, elle reconnaĂźtrait celles de lâAbkhazie et de lâOssĂ©tie du Sud, deux territoires qui sâĂ©taient dĂ©tachĂ©s de la GĂ©orgie. Puis en mars 2014 quand elle annexerait la CrimĂ©e. La guerre du Kosovo ayant Ă©tĂ© conduite par une majoritĂ© de gouvernements de gauche », et appuyĂ©e par la plupart des partis conservateurs, nul nâavait intĂ©rĂȘt Ă ce quâon revienne sur les falsifications officielles. Et on comprend sans peine que les journalistes les plus obsĂ©dĂ©s par la question des fake news prĂ©fĂšrent eux aussi regarder ailleurs. 1 Cf. Serge Halimi, Henri Maler, Mathias Reymond et Dominique Vidal, Lâopinion, ça se travaille⊠Les mĂ©dias, les guerres justes » et les justes causes », Agone, Marseille, 2014.2 Pierre Georges, directeur adjoint de la rĂ©daction du Monde, entretien accordĂ© Ă Marianne, Paris, 12 avril 1999.3 CitĂ© dans Daniel Junqua, La Lettre, n° 32, Paris, avril 1999, et reproduit sur novembre 2000.4 Edwy Plenel, LâĂpreuve, Stock, Paris, 1999.5 La Revue du crieur, n° 12, Paris, fĂ©vrier 2019.
5 Notre sang n'est pas bleu lorsqu'il est à l'intérieur de notre corps. Cette couleur est uniquement dû à la façon dont notre peau interagßt avec la lumiÚre. 6. Les pholcus ne sont pas
Celane fait aucun doute, Yann Arthus Bertrand admire Salgado, qui est, pour lui "aujourd'hui l'un des plus grands photographes du monde." En plus d'ĂȘtre un photographe hors normes, Sebastiao Salgado est engagĂ© : "Ce qui est important, c'est qu'il y a un message derriĂšre tout ce qu'il fait. C'est plus que de la photographie, c'est plus que
1. Enfant d'une famille chrĂ©tienne 1858 Ă 1873 Charles est nĂ© en France, Ă Strasbourg, le 15 septembre 1858 et il a Ă©tĂ© baptisĂ© deux jours aprĂšs sa naissance. Mon Dieu, nous avons tous Ă chanter vos misĂ©ricordes Fils d'une sainte mĂšre, j'ai appris d'elle Ă Vous connaĂźtre, Ă Vous aimer et Ă Vous prier Mon premier souvenir n'est-il pas la priĂšre qu'elle me faisait rĂ©citer matin et soir "Mon Dieu, bĂ©nissez papa, maman, grand-papa, grand-maman, grand-maman Foucauld et petite soeur" ?⊠» Mais, maman, papa et grand-maman Foucauld meurent en 1864. Le grand-pĂšre prend chez lui les deux enfants Charles 6 ans et Marie 3 ans. J'ai toujours admirĂ© la belle intelligence de mon grandpĂšre dont la tendresse infinie entoura mon enfance et ma jeunesse d'une atmosphĂšre d'amour dont je sens toujours avec Ă©motion la chaleur. » Le 28 avril 1872, Charles fait sa PremiĂšre Communion. Il est confirmĂ© le mĂȘme jour. 2. Jeune dans un monde sans Dieu 1874 Ă 1876 Charles est intelligent et il Ă©tudie facilement. Il aime beaucoup les livres, mais il lit n'importe quoi. Si je travaillais un peu Ă Nancy c'est parce qu'on me laissait mĂȘler Ă mes Ă©tudes une foule de lectures qui m'ont donnĂ© le goĂ»t de l'Ă©tude, mais m'ont fait le mal que vous savez⊠» Peu Ă peu, Charles s'Ă©loigne de la foi. Il continue Ă respecter la religion catholique, mais il ne croit plus en Dieu. Je demeurai douze ans sans rien nier et sans rien croire, dĂ©sespĂ©rant de la vĂ©ritĂ©, et ne croyant mĂȘme pas en Dieu, aucune preuve ne me paraissant assez Ă©vidente. » A 17 ans j'Ă©tais tout Ă©goĂŻsme, tout vanitĂ©, tout impiĂ©tĂ©, tout dĂ©sir du mal, j'Ă©tais comme affolé⊠» J'Ă©tais dans la nuit. Je ne voyais plus Dieu ni les hommes Il nây avait plus que moi. » 3. Militaire sans conviction 1876 Ă 1882 AprĂšs deux ans d'Ă©tudes Ă l'Ăcole Militaire, Charles est officier. Son grand-pĂšre vient de mourir et Charles reçoit tout l'hĂ©ritage. Il a 20 ans. Pendant plusieurs annĂ©es, Charles va chercher son plaisir dans la nourriture et dans les fĂȘtes. On l'appelle alors le Gros Foucauld ». Je dors longtemps. Je mange beaucoup. Je pense peu. » Mais en octobre 1880, Charles est affectĂ© en AlgĂ©rie. L'AlgĂ©rie lui plaĂźt et ses habitants l'intĂ©ressent. La vĂ©gĂ©tation est superbe palmiers, lauriers, orangers. C'est un beau pays ! Pour moi, j'en ai Ă©tĂ© Ă©merveillĂ© au milieu de tout cela des arabes en burnous blancs ou vĂȘtus de couleurs vives, avec une foule de chameaux, de petits Ăąnes et de chĂšvres, qui sont de l'effet le plus pittoresque. » Mais pour une affaire de femme, Charles refuse les conseils de ses SupĂ©rieurs. On lui enlĂšve son emploi. A peine arrivĂ© en France, il apprend que son rĂ©giment est envoyĂ© en Tunisie. Une expĂ©dition de ce genre est un plaisir trop rare pour le laisser passer sans tĂącher d'en jouir. - On m'a bien replacĂ© en Afrique, comme je l'avais demandĂ©, mais pas tout Ă fait dans le rĂ©giment que je voulais. Je fais partie d'une colonne qui manoeuvre sur les hauts plateaux, au Sud de SaĂŻda. - C'est trĂšs amusant la vie de camp me plaĂźt autant que la vie de garnison me dĂ©plaĂźt . J'espĂšre que la colonne durera trĂšs-longtemps ; quand elle sera finie, je tĂącherai d'aller ailleurs oĂč on se remue. » Le 15 janvier 1882, les 'colonnes' sont finies et Charles est de nouveau dans une caserne. Je dĂ©teste la vie de garnison⊠j'aime bien mieux profiter de ma jeunesse en voyageant ; de cette façon au moins je m'instruirai et je ne perdrai pas mon temps. » Et le 28 janvier 1882, il envoie sa dĂ©mission de l'armĂ©e. 4. Voyageur sĂ©rieux 1882 Ă 1886 Charles dĂ©cide alors de s'installer Ă Alger pour prĂ©parer ses voyages. Ce serait dommage de faire d'aussi beaux voyages, bĂȘtement et en simple touriste je veux les faire sĂ©rieusement, emporter des livres et apprendre aussi complĂštement que possible, l'histoire ancienne et moderne, surtout ancienne, de tous les pays que je traverserai. » Le Maroc est tout proche, mais il est interdit aux EuropĂ©ens. Charles est attirĂ© par ce pays trĂšs peu connu. Apres une longue prĂ©paration de 15 mois, Charles part au Maroc avec le Juif MardochĂ©e qui sera son guide. En 1883, sur les terres du sultan, l'EuropĂ©en peut circuler au grand jour et sans danger ; dans le reste du Maroc, il ne peut pĂ©nĂ©trer que travesti et au pĂ©ril de sa vie il y est regardĂ© comme un espion et serait massacrĂ© s'il Ă©tait reconnu. Presque tout mon voyage se fit en pays indĂ©pendant. Je me dĂ©guisai dĂšs Tanger, afin d'Ă©viter ailleurs des reconnaissances embarrassantes. Je me donnai pour IsraĂ©lite. Durant mon voyage, mon costume fut celui des Juifs marocains, ma religion la leur, mon nom le rabbin Joseph. Je priais et je chantais Ă la synagogue, les parents me suppliaient de bĂ©nir leurs enfants⊠» A qui s'informait de mon lieu de naissance je rĂ©pondais tantĂŽt JĂ©rusalem, tantĂŽt Moscou, tantĂŽt Alger. » Demandait-on le motif de mon voyage ? Pour le musulman, j'Ă©tais un rabbin mendiant qui quĂȘtait de ville en ville; pour le Juif, un IsraĂ©lite pieux venu au Maroc malgrĂ© les fatigues et dangers, pour s'enquĂ©rir de la condition de ses frĂšres. » Tout mon itinĂ©raire a Ă©tĂ© relevĂ© Ă la boussole et au baromĂštre. » En marche, j'avais sans cesse un cahier de cinq centimĂštres carrĂ©s cachĂ© dans le creux de la main gauche ; d'un crayon long de deux centimĂštres qui ne quittait pas l'autre main, je consignais ce que la route prĂ©sentait de remarquable, ce qu'on voyait Ă droite et Ă gauche ; je notais les changements de direction, accompagnĂ©s de visĂ©es Ă la boussole, les accidents de terrain, avec la hauteur baromĂ©trique, l'heure et la minute de chaque observation, les arrĂȘts, les degrĂ©s de vitesse de la marche, etc. J'Ă©crivais ainsi presque tout le temps de la route, tout le temps dans les rĂ©gions accidentĂ©es. » Jamais personne ne s'en aperçut, mĂȘme dans les caravanes les plus nombreuses ; je prenais la prĂ©caution de marcher en avant ou en arriĂšre de mes compagnons, afin que, l'ampleur de mes vĂȘtements aidant, ils ne distinguassent point le lĂ©ger mouvement de mes mains. La description et le levĂ© de l'itinĂ©raire emplissaient ainsi un certain nombre de petits cahiers. » DĂšs que j'arrivais en un village oĂč il me fĂ»t possible d'avoir une chambre Ă part, je les complĂ©tais et je les recopiais sur des calepins qui formaient mon journal de voyage. Je consacrais les nuits Ă cette occupation. » Pendant le court sĂ©jour Ă Tisint, je fis plusieurs connaissances tous les hadjs voulurent me voir. Pour le seul fait que je venais d'AlgĂ©rie, oĂč ils avaient Ă©tĂ© bien reçus, tous me firent le meilleur accueil; plusieurs, je le sus depuis, se doutĂšrent que j'Ă©tais ChrĂ©tien; ils n'en dirent mot, comprenant mieux que moi peut-ĂȘtre les dangers oĂč leurs discours pourraient me jeter. » En arrivant Ă Agadir, je descendis chez le Hadj Bou Rhim. Je ne puis dire combien j'eus Ă me louer de lui, ni quelle reconnaissance je lui dois il fut pour moi l'ami le plus sĂ»r, le plus dĂ©sintĂ©ressĂ©, le plus dĂ©vouĂ© ; en deux occasions, il risqua sa vie pour protĂ©ger la mienne. Il avait devinĂ©, au bout de peu de temps, que j'Ă©tais chrĂ©tien ; je le lui dĂ©clarai moi-mĂȘme dans la suite cette preuve de confiance ne fit qu'augmenter son attachement. » Pendant 11 mois, Charles a souvent reçu des injures et des cailloux. Plusieurs fois il a mĂȘme risquĂ© d'ĂȘtre tuĂ©. Le 23 mai 1884, un pauvre mendiant arrive au poste frontiĂšre de l'AlgĂ©rie. Il est pieds nus, maigre et couvert de saletĂ©. Ce pauvre Juif s'appelle Charles de Foucauld. Cela a Ă©tĂ© dur, mais trĂšs intĂ©ressant, et j'ai rĂ©ussi ! » Le monde scientifique de l'Ă©poque est enthousiasmĂ© par le travail de Charles une vĂ©ritable exploration ! Il a parcouru 3000 km dans un pays presque inconnu. C'est la gloire ! 5. Chercheur de Dieu 1886 Ă 1890 Mais Charles ne s'intĂ©resse pas Ă cette gloire. Il quitte l'AlgĂ©rie et s'installe prĂšs de sa famille Ă Paris. Il a 28 ans. Au commencement d'octobre de cette annĂ©e 1886, aprĂšs six mois de vie de famille 15, pendant que j'Ă©tais Ă Paris, faisant imprimer mon voyage au Maroc, je me suis trouvĂ© avec des personnes trĂšs intelligentes, trĂšs vertueuses et trĂšs chrĂ©tiennes; en mĂȘme temps, une grĂące intĂ©rieure extrĂȘmement forte me poussait je me mis Ă aller Ă l'Ă©glise, sans croire, ne me trouvant bien que lĂ et y passant de longues heures Ă rĂ©pĂ©ter cette Ă©trange priĂšre "Mon Dieu, si Vous existez, faites que je Vous connaisse !" » Mais je ne Vous connaissais pas⊠» Oh ! mon Dieu comme Vous aviez la main sur moi, et comme je la sentais peu ! Que vous ĂȘtes bon ! Que vous ĂȘtes bon ! Comme Vous m'avez gardĂ© ! Comme Vous me couviez sous vos ailes lorsque je ne croyais mĂȘme pas Ă Votre existence ! » Par la force des choses, Vous m'aviez obligĂ© Ă ĂȘtre chaste. C'Ă©tait nĂ©cessaire pour prĂ©parer mon Ăąme Ă recevoir la vĂ©ritĂ© Le dĂ©mon est trop maĂźtre d'une Ăąme qui n'est pas chaste. » En mĂȘme temps Vous m'aviez ramenĂ© dans ma famille oĂč j'ai Ă©tĂ© reçu comme l'enfant prodigue. » Tout cela c'Ă©tait Votre oeuvre, mon Dieu, Votre oeuvre Ă vous seul... Une belle Ăąme Vous secondait, mais par son silence, sa douceur, sa bontĂ©, sa perfection... Vous m'avez attirĂ© par la beautĂ© de cette Ăąme. » Vous m'avez alors inspirĂ© cette pensĂ©e "Puisque cette Ăąme est si intelligente, la religion qu'elle croit ne saurait ĂȘtre une folie. Etudions donc cette religion prenons un professeur de religion catholique, un prĂȘtre instruit, et voyons ce qu'il en est, et s'il faut croire ce qu'elle dit." » Je me suis alors adressĂ© Ă l'AbbĂ© Huvelin. Je demandais des leçons de religion il me fit mettre Ă genoux et me fit me confesser, et m'envoya communier sĂ©ance tenante... » S'il y a de la joie dans le ciel Ă la vue d'un pĂ©cheur se convertissant, il y en a eu quand je suis entrĂ© dans ce confessionnal ! » Que vous avez Ă©tĂ© bon ! Que je suis heureux ! » Moi qui avais tant doutĂ©, je ne crus pas tout en un jour; tantĂŽt les miracles de l'Evangile me paraissaient incroyables; tantĂŽt je voulais entremĂȘler des passages du Coran dans mes priĂšres. Mais la grĂące divine et les conseils de mon confesseur dissipĂšrent ces nuages... » Mon Seigneur JĂ©sus, vous avez mis en moi ce tendre et croissant amour pour vous, ce goĂ»t de la priĂšre, cette foi en votre Parole, ce sentiment profond du devoir de l'aumĂŽne, ce dĂ©sir de vous imiter, cette soif de vous faire le plus grand sacrifice qu'il me fut possible de vous faire. » Je dĂ©sirais ĂȘtre religieux, ne vivre que pour Dieu. Mon confesseur me fĂźt attendre trois ans. » Le pĂšlerinage en Terre Sainte, quelle influence bĂ©nie il a eu sur ma vie, quoique je l'ai fait malgrĂ© moi, par pure obĂ©issance Ă Monsieur l'Abbé⊠» AprĂšs avoir passĂ© la NoĂ«l de 1888 Ă BethlĂ©em, avoir entendu la Messe de Minuit et reçu la Ste Communion dans la Ste Grotte, au bout de deux ou trois jours, je suis retournĂ© Ă JĂ©rusalem. La douceur que j'avais Ă©prouvĂ©e Ă prier dans cette grotte qui avait rĂ©sonnĂ© des voix de JĂ©sus, de Marie, de Joseph avait Ă©tĂ© indicible. » J'ai bien soif de mener la vie que j'ai entrevue, devinĂ©e en marchant dans les rues de Nazareth, que foulĂšrent les pieds de NS, pauvre artisan perdu dans l'abjection et l'obscuritĂ©... » 6. Moine Ă la Trappe 1890 Ă 1897 Charles est trĂšs attachĂ© Ă sa famille et Ă ses amis, mais il se sent appelĂ© Ă tout laisser pour suivre JĂ©sus. Et le 15 janvier 1890, il entre Ă la Trappe. L'Evangile me montra que le premier commandement est d'aimer Dieu de tout son coeur et qu'il fallait tout enfermer dans l'amour; chacun sait que l'amour a pour premier effet l'imitation. Il me sembla que rien ne me prĂ©sentait mieux cette vie que la Trappe. » Tous les hommes sont les enfants de Dieu qui les aime infiniment il est donc impossible de vouloir aimer Dieu sans aimer les hommes plus on aime Dieu plus on aime les hommes. L'amour de Dieu, l'amour des hommes, c'est toute ma vie, ce sera toute ma vie je l'espĂšre. » Charles est heureux Ă la Trappe. Il apprend beaucoup. II reçoit beaucoup. Mais il lui manque encore quelque chose. Nous sommes pauvres pour des riches, mais pas pauvres comme l'Ă©tait Notre-Seigneur, pas pauvres comme je l'Ă©tais au Maroc, pas pauvres comme Saint François. » J'aime Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ, et je ne puis supporter de mener une vie autre que la Sienne⊠Je ne veux pas traverser la vie en 1Ăšre classe pendant que Celui que j'aime l'a traversĂ©e dans la derniĂšre... » Je me suis demandĂ© s'il n'y avait pas lieu de chercher quelques Ăąmes avec lesquelles on pĂ»t former un commencement de petite congrĂ©gation. » Le but serait de mener aussi exactement que possible la vie de Notre-Seigneur vivant uniquement du travail des mains, suivant Ă la lettre tous ses conseils... » Ajouter Ă ce travail beaucoup de priĂšres, ne former que de petits groupes, se rĂ©pandre partout surtout dans les pays infidĂšles si abandonnĂ©s et oĂč il serait si doux d'augmenter l'amour et les serviteurs de Notre-Seigneur JĂ©sus. » 7. Ermite au pays de JĂ©sus 1897 Ă 1900 Le 23 janvier 1897, le SupĂ©rieur GĂ©nĂ©ral des Trappistes annonce Ă Charles qu'il peut sortir de la Trappe pour suivre JĂ©sus, le pauvre artisan de Nazareth. Charles part en IsraĂ«l. Il arrive Ă Nazareth ou les SĆurs Clarisses le prennent comme domestique. Le bon Dieu m'a fait trouver ce que je cherchais l'imitation de ce que fĂ»t la vie de Notre-Seigneur JĂ©sus dans ce mĂȘme Nazareth... » Dans ma cabane de planches, aux pieds du Tabernacle des Clarisses, dans mes journĂ©es de travail et mes nuits de priĂšre, j'ai tellement bien ce que je cherchais qu'il est visible que le bon Dieu m'avait prĂ©parĂ© ce lieu. » Mais Charles veut partager cette vie de Nazareth avec d'autres frĂšres. C'est pourquoi il Ă©crit la RĂšgle des Petits FrĂšres. J'ai tenu Ă composer une rĂšgle trĂšs simple, propre Ă donner Ă quelques Ăąmes pieuses une vie de famille autour de la Sainte Hostie. » Ma rĂšgle est si Ă©troitement liĂ©e au culte de la Sainte Eucharistie qu'il est impossible qu'elle soit observĂ©e par plusieurs sans qu'ils aient un prĂȘtre et un tabernacle; ce n'est que lorsque je serai prĂȘtre et qu'il y aura un oratoire autour duquel on puisse se serrer, que je pourrai avoir quelques compagnons... » En aout 1900, Charles rentre en France. M. l'AbbĂ© Huvelin est bien d'accord pour qu'il reçoive le Sacerdoce. J'ai Ă©tĂ© passer un an dans un couvent, Ă Ă©tudier, et j'y ai reçu les Sts Ordres. PrĂȘtre depuis le mois de juin dernier, je me suis senti appelĂ© aussitĂŽt Ă aller aux "brebis perdues", aux Ăąmes les plus abandonnĂ©es, les plus dĂ©laissĂ©es, afin d'accomplir envers elles ce devoir de l'amour "Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimĂ©s, c'est Ă cela qu'on reconnaĂźtra que vous ĂȘtes mes disciples". Sachant par expĂ©rience que nul peuple n'Ă©tait plus abandonnĂ© que les musulmans du Maroc, du Sahara algĂ©rien j'ai demandĂ© et obtenu la permission de venir Ă BĂ©ni AbbĂšs, petite oasis du Sahara algĂ©rien sur les confins du Maroc. » 8. FrĂšre de tous Ă BĂ©ni AbbĂšs 1901 Ă 1904 Le 28 octobre 1901, Charles arrive Ă BĂ©ni AbbĂšs. Les indigĂšnes m'ont parfaitement accueilli; j'entre en relations avec eux, tĂąchant de leur faire un peu de bien. » Les militaires se sont mis, Ă me construire, en briques sĂšches et troncs de palmiers, une chapelle, trois cellules et une chambre d'hĂŽtes. » Je veux habituer tous les habitants, Ă me regarder comme leur frĂšre, le frĂšre universel⊠Ils commencent Ă appeler la maison "la fraternitĂ©", et cela m'est doux⊠» Chaque jour, Charles passe des heures au pied du Tabernacle. L'Eucharistie, c'est JĂ©sus, c'est tout JĂ©sus. » Quand on aime, on voudrait parler sans cesse Ă l'ĂȘtre qu'on aime, ou au moins le regarder sans cesse la priĂšre n'est pas autre chose l'entretien familier avec notre Bien-AimĂ© on Le regarde, on Lui dit qu'on L'aime, on jouit d'ĂȘtre Ă Ses pieds. » Mais, Ă chaque instant on frappe Ă la porte. 'Tout ce que vous faites Ă l'un de ces petits, c'est Ă moi que vous le faites'. L'Evangile a dĂ©jĂ transformĂ© la vie de Charles qui ouvre aussitĂŽt la porte pour accueillir le Bien AimĂ©. De 4h30 du matin Ă 8h30 du soir, je ne cesse de parler, de voir du monde des esclaves, des pauvres, des malades, des soldats, des voyageurs, des curieux. » Dans cette rĂ©gion, Charles dĂ©couvre l'esclavage. Il est scandalisĂ©. Quand le gouvernement commet une grave injustice contre ceux dont nous sommes dans une certaine mesure chargĂ©, il faut le lui dire, car nous n'avons pas le droit d'ĂȘtre des " sentinelles endormies" des "chiens muets" des "pasteurs indiffĂ©rents". » Les murs de la FraternitĂ© sont construits et Charles attend des frĂšres. Priez Dieu pour que je fasse ici l'oeuvre qu'il m'a donnĂ©e Ă faire que j'y Ă©tablisse un petit couvent de moines fervents et charitables, aimant Dieu de tout leur coeur et le prochain comme eux-mĂȘmes; une ZaouĂŻa de priĂšre et d'hospitalitĂ© d'oĂč rayonne une telle piĂ©tĂ© que toute la contrĂ©e en soit Ă©clairĂ©e et rĂ©chauffĂ©e ; une petite famille imitant si parfaitement les vertus de JĂSUS que tous, aux alentours, se mettent Ă aimer JĂSUS! » Mais les Freres ne viennent pas. Je suis toujours seul, plusieurs me font dire pourtant qu'ils voudraient se joindre Ă moi, mais il y a des difficultĂ©s dont la principale est l'interdiction par les autoritĂ©s civiles et militaires Ă tout EuropĂ©en de circuler dans ces rĂ©gions, Ă cause de l'insĂ©curitĂ©. » En juin 1903, l'Ă©vĂȘque du Sahara passe quelques jours Ă BĂ©ni AbbĂšs. Il vient du Sud ou il a visitĂ© les Touaregs. Charles se sent attirĂ© par ces gens qui vivent au cĆur du dĂ©sert. Il n'y a pas de pretres disponibles pour aller lĂ -bas, aussi Charles se propose. Pour l'extension du saint Evangile je suis prĂȘt Ă aller au bout du monde et Ă vivre jusqu'au jugement dernier... » Mon Dieu, faites que tous les humains aillent au ciel ! » 9. Ami des Touaregs 1904 Ă 1916 Le 13 janvier 1904, Charles part chez les Touaregs. DĂ©part d'Akabli avec le Commandant Laperrine pour l'accompagner dans sa tournĂ©e. Son intention est de visiter les populations nouvellement soumises et de pousser jusqu'Ă Tombouctou... Ma vocation ordinaire, c'est la solitude, la stabilitĂ©, le silence... Mais si je crois, par exception, ĂȘtre appelĂ© parfois Ă autre chose, je n'ai qu'Ă dire comme Marie 'Je suis la Servante du Seigneur'. » En ce moment je suis nomade, allant de campement en campement, tĂąchant d'apprivoiser, de mettre en confiance, en amitiĂ©... Cette vie nomade a l'avantage de me faire voir beaucoup d'Ăąmes et de me faire connaĂźtre le pays... » Le pays Ă©tant presque toujours pauvre en eau ou en pĂąturage, les Touaregs sont obligĂ©s de se sĂ©parer, se dissĂ©miner, pour pouvoir nourrir et abreuver leurs troupeaux. Ils vivent par tout petits groupes, une tente ici, quelques tentes lĂ ... Partout on en trouve, mais presque toujours trĂšs peu ensemble. » Depuis longtemps, je demandais Ă JESUS d'ĂȘtre pour l'amour de Lui, dans des conditions analogues, comme bien-ĂȘtre, Ă celles oĂč j'Ă©tais au Maroc, pour mon plaisir. Ici, comme installation, c'est la mĂȘme chose. » Aujourd'hui, j'ai le bonheur de placer - pour la 1Ăšre fois en pays touareg - la Ste RĂ©serve dans le Tabernacle. » COEUR SacrĂ© de JĂSUS, merci de ce 1er Tabernacle des pays touaregs ! Qu'il soit le prĂ©lude de beaucoup d'autres et l'annonce du salut de beaucoup d'Ăąmes ! COEUR SacrĂ© de JĂSUS, rayonnez du fond de ce Tabernacle sur le peuple qui Vous entoure sans Vous connaĂźtre ! Ăclairez, dirigez, sauvez ces Ăąmes que Vous aimez ! » Envoyez de saints et nombreux ouvriers et ouvriĂšres Ă©vangĂ©liques chez les Touaregs, au Sahara, au Maroc, partout oĂč il en faut ; envoyez-y de saints petits frĂšres et petites soeurs du SacrĂ© COEUR, si c'est votre VolontĂ© ! » Mon temps qui n'est pas employĂ© Ă marcher ou Ă prier, est occupĂ© Ă Ă©tudier leur langue. » Je viens de finir la traduction des Sts Evangiles en langue touarĂšgue. Ce m'est une grande consolation que leur 1er livre soit les Saints Evangiles. » Unissez-vous Ă moi, aidez-moi dans mon travail, priez avec moi pour toutes ces Ăąmes du Sahara, du Maroc, de l'AlgĂ©rie. » Par la grĂące du Bien-AimĂ© JĂ©sus, il m'est possible de m'installer, Ă Tamanrasset⊠» Je vais rester ici, seul europĂ©en⊠trĂšs heureux d'ĂȘtre seul avec JĂ©sus, seul pour JĂ©sus⊠» RĂ©sider seul dans le pays est bon ; on y a de l'action, mĂȘme sans faire grand-chose, parce qu'on devient 'du pays'. » Priez pour qu'un peu de bien se fasse parmi ces Ăąmes pour lesquelles Notre Seigneur est mort. » Cette Afrique, cette AlgĂ©rie, ces millions d'infidĂšles appellent tellement la saintetĂ© qui seule obtiendra leur conversion; priez pour que la Bonne Nouvelle arrive et que les derniers venus se prĂ©sentent enfin Ă la crĂšche de JĂ©sus pour adorer Ă leur tour. » Il faudrait que le pays fĂ»t couvert de religieux, religieuses et de bons chrĂ©tiens restant dans le monde pour prendre contact avec tous ces pauvres musulmans et pour les instruire. » Serait-il possible de trouver des infirmiĂšres laĂŻques, toutes Ă JĂ©sus de coeur, consentant et souhaitant venir se dĂ©vouer pour JĂ©sus, sans le nom ni l'habit de religieuses⊠» Ma prĂ©sence fait-elle quelque bien ici ? Si elle n'en fait pas, la prĂ©sence du TrĂšs Saint Sacrement en fait certainement beaucoup. JĂ©sus ne peut ĂȘtre en un lieu sans rayonner. De plus le contact avec les indigĂšnes fait disparaĂźtre peu Ă peu leurs prĂ©ventions et prĂ©jugĂ©s. C'est bien lent, bien peu de chose ; priez pour que votre enfant fasse plus de bien, et que de meilleurs ouvriers que lui viennent dĂ©fricher ce coin du champ du PĂšre de famille. » Mon apostolat doit ĂȘtre l'apostolat de la bontĂ©. Si l'on demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire "Parce que je suis le serviteur d'un bien plus bon que moi". » Poursuivi par la pensĂ©e du dĂ©laissement spirituel de tant d'infidĂšles, j'ai jetĂ© sur le papier, Ă la suite de ma derniĂšre retraite, il y a un an, un projet de ConfrĂ©rie, d'Association catholique. La ConfrĂ©rie que j'appelle Union des FrĂšres et Soeurs du SacrĂ© Coeur de JĂ©sus» a un triple but produire un retour Ă l'Ăvangile dans la vie des personnes de toute condition ; produire un accroissement d'amour Ă la sainte Eucharistie ; produire une poussĂ©e vers l'Ă©vangĂ©lisation des infidĂšles. » Les Touaregs de mon voisinage me donnent les plus grandes douceurs et consolations; j'ai parmi eux d'excellents amis. » Mes travaux de langue marchent bien. Le Dictionnaire abrĂ©gĂ© est fini et son impression commence dans quelques jours. Le Dictionnaire des noms propres sera fini en 1914 avec le Dictionnaire Touareg-Français, plus complet. Je pense finir en 1916 le recueil des PoĂ©sies et des Proverbes, et en 1917 les Textes en prose. La grammaire sera pour 1918 si Dieu me prĂȘte vie et santĂ©. » Je ne puis pas dire que je dĂ©sire la mort; je la souhaitais autrefois; maintenant je vois tant de bien Ă faire, tant d'Ăąmes sans pasteur, que je voudrais surtout faire un peu de bien. » Demain, dix ans que je dis la Ste Messe dans l'ermitage de Tamanrasset ! et pas un seul converti ! Il faut prier, travailler et patienter. » Je suis persuadĂ© que ce que nous devons chercher pour les indigĂšnes de nos colonies, ce n'est ni l'assimilation rapide ni la simple association ni leur union sincĂšre avec nous, mais le progrĂšs qui sera trĂšs inĂ©gal et devra ĂȘtre cherchĂ© par des moyens souvent bien diffĂ©rents le progrĂšs doit ĂȘtre intellectuel, moral et matĂ©riel. » Depuis deux ans, la guerre dĂ©chire l'Europe. Elle commence aussi Ă venir au Sahara. A 450 km d'ici, le fort français de Djanet a Ă©tĂ© investi par plus de mille Senoussistes armĂ©s d'un canon et de mitrailleuses. AprĂšs ce succĂšs, les Senoussistes ont la route libre pour venir ici ; rien ne peut les en empĂȘcher que le bon Dieu. » Mais Dieu ne l'a pas empĂȘchĂ© et Charles est violemment tuĂ© le 1er dĂ©cembre 1916. Quand le grain de blĂ© qui tombe Ă terre ne meurt pas, il reste seul ; s'il meurt, il porte beaucoup de fruits... »
Yv0H.