Créélors du festival d’Avignon 2019, Nous, l’Europe, banquet des peuples s’invite Ă  la table du Théùtre de l’Atelier (75) jusqu’au 29/05.Un texte de Laurent GaudĂ©, mis en scĂšne par Roland Auzet, qui fait Ă©cho aux Mises Ă  feu d’Erri De Luca. À voir en urgence, Ă  l’heure oĂč l’Europe semble enfin se prĂ©senter « communautaire » et solidaire.
Replonger dans les souvenirs d’un passĂ© marquĂ© par de grands Ă©vĂšnements historiques ; Roland Auzet met en scĂšne d’aprĂšs le roman de Laurent GaudĂ©, ces souvenirs comme point d’ancrage d’une Europe solide et unis qui, cependant n’en reste pas moins purement utopique. © Christophe Raynaud De Lage À l’intention du festival d’Avignon de 2019, Nous, l’Europe, Banquet des peuples explore un passĂ© branlant d’une Europe brisĂ©e sous le poids de nombreux exploits chaotiques de ces cent-cinquante derniĂšres annĂ©es. Parler du passĂ© pour mieux reconstruire un avenir digne de cette union demeure un mobile crĂ©dible et enviable, mais peu innovant par son manque d’actualitĂ© qui n’emmĂšne pas de rĂ©solution aux problĂšmes posĂ©s. Il est Ă©vident que toutes ces horreurs commises par le passĂ© guerres, colonisations
 doivent rester dans les mĂ©moires de toutes et de tous, afin de bĂątir l’espoir d’une Europe enfin unie, d’un renouveau. La mise en scĂšne de Roland Auzet ressuscite cet espoir perdu. Onze comĂ©diens prĂ©sents sur scĂšne, tous d’origines diffĂ©rentes, accompagnĂ©s du chƓur d’ici et d’ailleurs », de musiques, batteries, guitare, tous ces Ă©lĂ©ments renvoient Ă  une richesse par la diffĂ©rence la clĂ© de cette union tant dĂ©sirĂ©e. MalgrĂ© l’énergie qui se dĂ©gage de la scĂšne oĂč les corps parlent, tombent, se dĂ©fendent comme ils le peuvent avec de simple matelas en guise de barricades, ce grand mur blanc qui se dĂ©place au bon vouloir des comĂ©diens et qui, entre autres, fait office de support pour les projections qui accompagnent le spectacle. Tout cela ne fait que rĂ©sumer l’Europe par ce qu’elle a Ă©tĂ© et non par ce qu’elle pourrait ĂȘtre. La rĂ©inventer de façon concrĂšte et non superflue aurait permis un point final, qui ne laisse place ici qu’à des questionnements et Ă  peu de rĂ©ponses. Ce banquet des peuples prend fin par l’interprĂ©tation du nouvel hymne europĂ©en choisi, qui n’est plus comme au dĂ©but de la piĂšce L’hymne Ă  la joie, et qui entraĂźne les spectateurs dans la danse et leur apporte, bien entendu, le dĂ©sir d’un rĂ©el partage entre tous. LĂ©a Taillandier
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Eneffet, dans Nous, l’Europe. Banquet des peuples, Laurent GaudĂ© rappelle que l’Europe s’est, entre autres facteurs, bĂątie sur l’explosion du ferroviaire : « Pressent-il [Stephenson] que bientĂŽt l’Europe sera couverte de rails ? » (GaudĂ©, 2019 : 30), et que le rail triomphant du XIXe siĂšcle prĂ©parait inconsciemment les Vous cracherez peut-ĂȘtre sur notre insouciance passĂ©e et vous aurez raison. Il y a un continent Ă  inventer maintenant.» En entrant dans la salle du théùtre du Passage, cette phrase est Ă©crite en grand sur le mur, dĂ©cor central de la piĂšce Nous l’Europe – banquet des peuples», jouĂ©e jeudi 23 et vendredi 24 janvier Ă  NeuchĂątel. Elle est extraite du monologue d’Artemis sur la GrĂšce. Mais ce sont bien les mots de l’écrivain Laurent GaudĂ© qui vont Ă©voquer cette Ă©popĂ©e contĂ©e en 140 minutes. Au pas de charge. Car les interrogations fusent continuellement. On a dit oui? Vous vous souvenez d’avoir dit oui? On avait dit non mais on devait dire oui. Alors ça a Ă©tĂ© oui
 Et elle vient de lĂ  notre colĂšre envers l’Europe.» VoilĂ  pour le postulat de dĂ©part de cette piĂšce, qui se veut un cri d’amour pour cette Europe aujourd’hui malmenĂ©e. Un mariage de nations qui n’a pas rĂ©ussi Ă  unir pour devenir la grande Patrie commune. Sur la scĂšne nue, habillĂ©e de 40 matelas et de ce mur, les comĂ©diens de plusieurs pays, accompagnĂ©s par des dizaines de chanteurs neuchĂątelois, racontent. Ils chantent aussi, dansent, hurlent parfois façon opĂ©ra rock magnifique performance de la comĂ©dienne-chanteuse allemande Karoline Rose les convulsions de l’histoire europĂ©enne. Jeu sans frontiĂšres Une histoire terriblement dense. Que GaudĂ© Ă©crit Ă  coups de phrases ciselĂ©es, percutantes, brillantes. Les comĂ©diens, eux, – excellents par ailleurs – les lĂąchent parfois Ă  une vitesse supersonique. Presque trop rapidement pour en apprĂ©cier le sens sĂ©ance de rattrapage possible avec le livre publiĂ© chez Actes Sud. Mais qui montre bien l’urgence pour lĂ©crivain de convaincre qu’ensemble on est plus fort que chacun dans son coin. Un vƓu partagĂ© par l’ancien conseiller fĂ©dĂ©ral Joseph Deiss, grand invitĂ© de la reprĂ©sentation de jeudi Je me sens EuropĂ©en tous les jours». Et d’ajouter ne pas aimer le mot frontiĂšre, qui signifie une coupure alors que c’est lĂ  oĂč se confrontent les cultures.» Ce n’est pas tous les jours que l’Europe dĂ©chaĂźne les foules, du moins celles du Passage, debout et enthousiastes.
Nous l’Europe, Banquet des peuples, Laurent GaudĂ© (par Patrick Devaux) Ecrit par Patrick Devaux, le Vendredi, 07 Juin 2019. , dans PoĂ©sie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Actes Sud. Nous, l’Europe, Banquet des peuples, mai 2019, 192 pages, 17,80 € . Ecrivain(s): Laurent GaudĂ© Edition: Actes Sud. Faire un tour d’Europe comme pour appuyer son
Nous, l'Europe - Banquet des peuples - Grand Format L'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de... Lire la suite 18,80 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 6,99 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 6,99 € Grand format ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 18,80 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 1 septembre et le 6 septembre L'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'enthousiasmes, de dĂ©faites et d'espoirs. A l'heure oĂč certains doutent, oĂč d'autres n'y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu'une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d'avenir. C'est donc d'une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Date de parution 01/05/2019 Editeur Collection ISBN 978-2-330-12152-5 EAN 9782330121525 Format Grand Format PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 182 pages Poids Kg Dimensions 11,5 cm × 21,5 cm × 1,1 cm L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de cette Ă©popĂ©e sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de dĂ©faites et d'enthousiasmes. Un long poĂšme en forme d'appel Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Biographie de Laurent GaudĂ© Romancier, nouvelliste et dramaturge nĂ© en 1972, Laurent GaudĂ© a reçu en 2004 le prix Goncourt pour Le Soleil des Scorta. Il publie son oeuvre, traduite dans le monde entier, chez Actes Sud

Nous l’Europe, Banquet des peuples,c’est en somme un spectacle politique, musi- cal, visuel, Ă©pique, donnĂ© en outre dans un lieu qui joue du gigantesque, la cour du lycĂ©e Saint Joseph Avignon. Cela n’est pas sans rappeler le spectacle que devait ĂȘtre la tragĂ©die antique. Ajoutons la prĂ©sence du chƓur, d’un coryphĂ©e et de musi- ciens.

23 24 janvierNous, l’EuropeBanquet des PeuplesUn spectacle coproduit par la Cie du Passage qui, aprĂšs des reprĂ©sentations au prestigieux Festival d’Avignon, partira en tournĂ©e dans plusieurs pays et sera jouĂ© sur de grandes scĂšnes nationales de l’Europe, ses convulsions, ses blessures, ses trouĂ©es de lumiĂšre et ses utopies. Ce rĂ©cit choral, portĂ© par une foule de cinquante choristes et onze artistes venant d’Allemagne, de Belgique, de France, de GrĂšce, d’Irlande, de Pologne et de Suisse, interroge les liens entre les nations europĂ©ennes. Critique mais aussi rassembleur, ce spectacle invite Ă  ne pas oublier l’importance de la fraternitĂ© dans notre sociĂ©tĂ©. Le Temps – Alexandre DemidoffMon utopie que l’Europe soit enfin populaire»texteLaurent GaudĂ©conception, musique, mise en scĂšneRoland AuzetavecRobert BouvierRodrigo FerreiraOlwen FouĂ©rĂ©Vincent KreyderDagmara Mrowiec-MatuszakYasine OuichaRose-Nyndia MartineKaroline RoseEmmanuel SchwartzArtemis StavridiThibault Vinçonet le chƓurLyricascĂ©nographieRoland AuzetlumiĂšreBernard RevelchorĂ©graphieJoĂ«lle BouviervidĂ©oPierre Lanielcollaboration artistiqueCarmen JolinsonDaniele Segre AmarcostumesMireille Dessingyassistant Ă  la mise en scĂšneVictor PavelrĂ©gie GĂ©nĂ©raleJean-Marc BeauProduction dĂ©lĂ©guĂ©eL’Archipel – scĂšne nationale de PerpignanCoproductionActOpus – Compagnie Roland AuzetScĂšne Nationale de Saint-NazaireCompagnie du Passage, NeuchĂątel SuisseThéùtre Prospero / Groupe de la VeillĂ©e MontrĂ©alThéùtre-SĂ©nart, scĂšne nationale Festival d’AvignonThéùtre de Choisy-le-Roi – ScĂšne conventionnĂ©e d’intĂ©rĂȘt national – Art et CrĂ©ation pour la diversitĂ©linguistiqueOpĂ©ra Grand AvignonMA ScĂšne Nationale de MontbĂ©liardTeatr Polski Bydgoszcz PologneChĂąteauvallon scĂšne nationaleMC2 Grenoble scĂšne nationalePartenaires EuropĂ©ens en coursFestival Temporada Alta, GĂ©rone Espagne, Dublin Theatre Festival Irlande, Teatr Polski Bydgoszcz Pologne.avec la participation artistique du Jeune théùtre national. + logo cf. documentationLa Compagnie Act Opus est soutenue au titre des Compagnies et Ensembles Ă  Rayonnement National et International par le MinistĂšre de la Culture, DRAC Auvergne-RhĂŽne Alpes. Elle est en convention avec le Conseil RĂ©gional d’Auvergne-RhĂŽne au Festival d’Avignon Nous l'Europe - Banquet des peuples de Laurent GaudĂ© - Collection Babel - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ  Nous, l'Europe. Banquet des peuplesL'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'enthousiasmes, de dĂ©faites et d'espoirs. A l'heure oĂč certains doutent, oĂč d'autres n'y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu'une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d'avenir. C'est donc d'une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Nous l'Europe, banquet des peuples, un spectacle Ă©crit par Laurent GaudĂ© et mis en scĂšne par Roland Auzet, poursuit sa tournĂ©e en passant notamment par le Théùtre MoliĂšre de SĂšte ce vendredi 4 fĂ©vrier 2022. Facebook Twitter Pinterest Reddit Google+. Les regards du romancier Laurent GaudĂ© et du metteur en scĂšne Roland Auzet trouvent dans ce spectacle un
Au programme des institutions théùtrales tragĂ©dies, odyssĂ©es et contes contemporains Par LĂ©na Martinelli Les Trois Coups Janvier. L’occasion de vous souhaiter de belles dĂ©couvertes, malgrĂ© une rentrĂ©e sous tension. Nos théùtres sont autant de chambres d’échos des crises qui traversent notre sociĂ©tĂ©, mais aussi de nos maux Ă©ternels, de nos inconsolables peines. Et dans ce contexte dĂ©lĂ©tĂšre, si nos théùtres comptent sur la prĂ©sence des publics, ces derniers ont plus que jamais besoin de vivre des Ă©motions, de penser, de rĂȘver. D’espĂ©rer ensemble. Quand parler du travail devient nĂ©cessaire et urgent. Anne-Laure LiĂ©geois dont on avait tant apprĂ©ciĂ© The Great Disaster de Patrick Kermann s’appuie sur trois textes Ă©crits Ă  plus de cinquante ans d’intervalle, des piĂšces qui dĂ©crivent des Ă©poques diffĂ©rentes, mais qui ont en commun de poser un regard dĂ©calĂ© sur le travail de bureau. Avec une approche tendant vers l’absurde, furieusement drĂŽle et sans concession, Entreprise, dĂ©clinaison en trois piĂšces – le MarchĂ© de Jacques Jouet 2020, l’IntĂ©rimaire de RĂ©mi De Vos 1995 et l’Augmentation de Georges Perec 1968 – traite, par le rire, de notre rapport au labeur. Actuellement créé au Volcan, scĂšne nationale du Havre, le spectacle entame une belle tournĂ©e. Pour divaguer sur les transformations Ă  l’Ɠuvre, du travail mais aussi de nos modes de vie, le TNI / Théùtre national immatĂ©riel prĂ©sente Nickel au Nouveau Théùtre de Montreuil du 16 janvier au 1er fĂ©vrier. Créé au Centre dramatique national de Tours – Théùtre Olympia, oĂč la metteure en scĂšne Mathilde Delahaye est artiste associĂ©e et Ă©galement au Théùtre National de Strasbourg, ce spectacle est nĂ© d’une rencontre avec la communautĂ© de voguing parisien. On est devant une usine de nickel, Ă  l’heure de la fermeture son dernier ouvrier vient nous parler du monde du travail ; puis, nous voici, vingt ans plus tard, au mĂȘme endroit le Nickel Bar a remplacĂ© le lieu industriel ; puis encore deux dĂ©cennies passent on trouve alors une Ă©trange communautĂ© surnageant dans les ruines du capitalisme. Une invitation gĂ©nĂ©reuse Ă  rejoindre la quĂȘte d’un ĂȘtre-ensemble libre et sauvage », lit-on dans la note d’intention. PhĂšdre », de Racine, mise en scĂšne de Brigitte Jaques-Wajeman © Mirco Magliocca De sauvagerie, il en est encore question dans Électre / Oreste, mis en scĂšne par Ivo van Hove lire la critique de LĂ©na Martinelli. La tragĂ©die enflamme toujours les cƓurs. Brigitte Jaques-Wajeman s’attaque justement au sujet brĂ»lant de l’amour, monstre dĂ©vorateur aprĂšs avoir longuement explorĂ© le théùtre de Corneille, elle met en scĂšne PhĂšdre, la plus cĂ©lĂšbre tragĂ©die de Racine. C’est notre coup de cƓur de la rentrĂ©e. On est ressortie chavirĂ©e. À voir absolument au Théùtre de la Ville – Les Abbesses du 8 au 25 janvier lire la critique de LĂ©na Martinelli. Autre tragĂ©die du dĂ©sir de Racine, BĂ©rĂ©nice finit sa tournĂ©e avec un passage Ă  Points Communs, Nouvelle scĂšne nationale de Cergy-Pontoise les 16 et 17 janvier et au Théùtre de Sartrouville les 21 et 22 janvier. CĂ©lie Pauthe fait dialoguer ce monument théùtral sur l’empire de la passion avec un court-mĂ©trage de Marguerite Duras. Une tragĂ©die incandescente. Nous, l’Europe, banquet des peuples », de Laurent GaudĂ©, mise en scĂšne de Roland Auzet © Christophe Raynaud de Lage Également amateur de poĂšmes tragiques, Ă©piques et flamboyants, Laurent GaudĂ© narre, quant Ă  lui, l’histoire mouvementĂ©e, longtemps guerriĂšre, de ce vieux continent que l’on nomme Europe. Créé lors du Festival d’Avignon, Nous, l’Europe, banquet des peuples entame une longue tournĂ©e dans toute la France, avec une sĂ©rie au Théùtre GĂ©rard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis du 25 mars au 2 avril Lire la critique de Juliette Nadal. Ce texte contemporain mis en scĂšne par Roland Auzet, en faveur d’une Europe solidaire, transcende le discours politique aujourd’hui, l’Europe semble avoir oubliĂ© qu’elle est la fille de l’épopĂ©e et de l’utopie », Ă©crit l’auteur. Une autre odyssĂ©e, prĂ©sentĂ©e dans le cadre du Festival d’Avignon, est Ă©galement visible Architecture de Pascal Rambert lire la critique de LorĂšne de Bonnay, avec une distribution de premier choix Emmanuelle BĂ©art, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis PodalydĂšs, Laurent Poitrenaux, Jacques Weber
. AprĂšs les Bouffes du Nord, le spectacle est jouĂ© en Ile-de-France aux GĂ©meaux, scĂšne nationale de Sceaux, du 24 janvier au 1er fĂ©vrier. Invisibles », de Nasser DjemaĂŻ © Philippe Delacroix Les rĂ©cits fondateurs inspirent dĂ©cidĂ©ment nombre d’auteurs, comme Nasser DjemaĂŻ Invisibles, sous-titrĂ©, La TragĂ©die des chibanis » cheveux blancs » en arabe, relie le drame des travailleurs immigrĂ©s Ă  la retraite Ă  la descente aux enfers de l’ÉnĂ©ide. Le protagoniste affronte les fantĂŽmes du passĂ©, le sien, mais aussi ceux des Ă©migrĂ©s maghrĂ©bins coincĂ©s dans un foyer Sonacotra. Racisme, solitude, absurditĂ© des rapports sociaux dans nos villes, Ă  nos portes, composent donc cette tragĂ©die moderne lire la critique de LĂ©na Martinelli. Outre la reprise d’Invisibles Ă  la MC93, du 11 au 18 janvier, deux autres piĂšces de cet auteur contemporain sont Ă  l’affiche Ă  La Colline elles tourneront ensuite. HĂ©ritiers du 9 au 22 janvier place Julie face Ă  son hĂ©ritage, dans un monde en pleine mutation, tandis que Vertiges du 29 janvier au 8 fĂ©vrier traite des banlieues, des citĂ©s, bref des quartiers dits sensibles », mondes parallĂšles tout prĂšs de chez nous et lieux qui cristallisent les peurs. L’ensemble compose une trilogie autour du pourrissement, celui des dĂ©ceptions et des humiliations qu’à petites doses transmettent Ă  leurs descendants ceux qui ont vĂ©cu l’exil et les arrachements dans les plis invisibles de silences, de petits riens et de murmures Ă  peines audibles », prĂ©cise Nasser DjemaĂŻ. Contes et lĂ©gendes », de JoĂ«l Pommerat © Élisabeth Carecchio Autre artiste incontournable JoĂ«l Pommerat, dont les crĂ©ations constituent toujours un Ă©vĂ©nement. PortĂ© par d’autres comĂ©diens que ceux de sa troupe habituelle, Contes et lĂ©gendes se prĂ©sente comme un spectacle d’anticipation mettant en scĂšne des adolescents et des robots humanoĂŻdes. Comment faire exister des corps, des voix, des individus ? L’auteur poursuit sa recherche d’incarnation Ă  travers cette question passionnante de l’humanitĂ© artificielle. À dĂ©couvrir au Théùtre Nanterre-Amandiers, du 9 janvier au 14 fĂ©vrier lire la critique de Trina Mounier. Ce beau programme va donc embraser nos scĂšnes. Voix et corps entremĂȘlĂ©s, diaspora de langues, audaces stylistiques tĂ©moignent du foisonnement crĂ©atif actuel. Pour finir sur une note plus lĂ©gĂšre, tendre et fantaisiste, il est encore possible de voir Incertain monsieur Tokbar en Ile-de-France, au Théùtre de Saint-Quentin-en-Yvelines du 16 au 18 janvier, avant les ultimes reprĂ©sentations en rĂ©gions. Les spectacles de Michel Laubu sont de merveilleux stimulants pour l’imagination. Son dernier opus, signĂ© avec Émili Hufnagel, est sans doute l’un des plus aboutis. Mieux encore, leur inaltĂ©rable tendresse nous rend heureux », s’enthousiasme Trina Mounier lire sa critique ici. Voici donc quelques spectacles pour bien dĂ©marrer 2020 ! Bonne annĂ©e Ă  tous nos lecteurs ! ¶ LĂ©na Martinelli Entreprise, d’Anne-Laure LiĂ©geois ‱ TournĂ©e ici Nickel, de Mathilde Delahaye et Pauline Haudepin ‱ TournĂ©e ici Électre / Oreste, d’Euripide, mise en scĂšne d’Ivo van Hove ‱ La ComĂ©die-Française jusqu’au 16 fĂ©vrier ‱ Infos ici PhĂšdre, de Racine, mise en scĂšne de Brigitte Jaques-Wajeman ‱ TournĂ©e ici BĂ©rĂ©nice, de Racine, mise en scĂšne de CĂ©lie Pauthe ‱ TournĂ©e ici Nous, l’Europe, banquet des peuples, de Laurent GaudĂ©, mise en scĂšne de Roland Auzet ‱ Infos ici ‱ TournĂ©e ici Architecture, de Pascal Rambert ‱ Infos ici ‱ TournĂ©e ici Invisibles, HĂ©ritiers, Vertiges, de Nasser DjemaĂŻ ‱ TournĂ©e ici Contes et lĂ©gendes, de JoĂ«l Pommerat ‱ TournĂ©e ici Incertain monsieur Tokbar, du Turak Théùtre ‱ TournĂ©e ici
LextrĂȘme droite « folkiste » et l’antisĂ©mitisme. StĂ©phane François. Il existe en France depuis le milieu des annĂ©es soixante-dix une extrĂȘme droite visible qui se rĂ©clame du paganisme. Ce paganisme contemporain, ou nĂ©o-paganisme, s’est manifestĂ© en premier, en 1963, dans le discours du groupuscule/revue Europe-Action proche
L’Histoire L’Europe, l’ancienne, celle d’un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l’Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l’alpha et l’omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d’affrontements, d’enthousiasmes, de dĂ©faites et d’espoirs. A l’heure oĂč certains doutent, oĂč d’autres n’y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu’une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d’avenir. C’est donc d’une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d’une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Merci Ă  Yvan de m’avoir incitĂ© Ă  dĂ©couvrir ce livre Nous, l’Europe Banquet des peuples » de Laurent GaudĂ©. Lisez sa jolie chronique ici 1848, le Printemps des peuples » est la matrice originelle de l’idĂ©e europĂ©enne. C’est Ă  ce moment prĂ©cis que Laurent GaudĂ© dĂ©bute son rĂ©cit sur l’aventure europĂ©enne dans son bel essai Nous, l’Europe Banquet des peuples . En 100 pages, Laurent GaudĂ© fait avec maestria le portrait d’une Europe qui est morte plusieurs fois avant de renaĂźtre Ă  la vie. Victor Hugo prononce un discours lors du CongrĂšs des amis de la paix universelle »qui s’ouvre le 21 aoĂ»t 1849 Ă  Paris. L’écrivain y prophĂ©tise l’effacement des frontiĂšres sur la carte et des prĂ©jugĂ©s dans les cƓurs » et appelle de ses vƓux Ă  la crĂ©ation des États-Unis d’Europe », garants de la fraternitĂ© des hommes ». Cent soixante dix ans plus tard, toute proportion gardĂ©e, Laurent GaudĂ©, intellectuel et auteur brillant, tisse Ă  nouveau la trame d’une Europe de fraternitĂ©, d’ouverture et d’humanisme qu’il souhaite voir Ă©merger. Sa plume est pleine de verve de souffle lorsqu’il invoque la colonisation, le pĂȘchĂ© originel d’une Europe dont les États voulaient se partager le monde pour leur seul profit. Il Ă©voque aussi les deux conflits mondiaux de 1914-1918 et de 1939-1945 qui saigneront des gĂ©nĂ©rations entiĂšres de jeunes europĂ©ens mais pas seulement songeons aux tirailleurs sĂ©nĂ©galais.. et puis cette impardonnable compromission avec le mal incarnĂ© par les rĂ©gimes fascistes, le national-socialisme.. Quid du communisme et de Staline dont les crimes sont ici passĂ©s sous silence, ce que je regrette profondĂ©ment. La Shoah bien sĂ»r, Ă©vĂ©nement traumatique face auquel nous restons tous sans mot tant l’horreur est ici indicible. La chape de plomb communiste Ă  l’Est, coupant l’Europe en deux jusqu’à la chute du mur en 1989. L’histoire ne s’arrĂȘte pas lĂ  puisque quelques annĂ©es plus tard la guerre sĂ©vit Ă  nouveau en Europe, en Ex Yougoslavie cette fois, oĂč les Serbes orthodoxes, les Croates catholiques et les Bosniaques musulmans s’entretuent. Laurent GaudĂ© a le don de rendre son texte clair et bien construit. C’est Ă  un sursaut qu’il nous incite pour faire vivre cette Europe trop technocratique Ă  son goĂ»t, pas assez traversĂ© par le souffle de la jeunesse des peuples d’Europe. Je trouve trĂšs intĂ©ressant que Laurent GaudĂ© puisse prendre la plume afin de nous dĂ©voiler son dĂ©sir d’Europe. Bien sĂ»r, il y a une part d’utopie trĂšs importante dans son texte. On peut trouver cela naĂŻf mais l’on sent toute la sincĂ©ritĂ© de l’auteur. J’ai des divergences de point de vue sur sa vision » de l’histoire europĂ©enne. La perception du monde de Laurent GaudĂ© est trĂšs trop bien pensante ». Je ne vais pas vous le cacher, sa perception candide de Mai 68 m’a heurtĂ©. Nous n’en sommes plus lĂ  fort heureusement. J’aurais souhaitĂ© voir Laurent GaudĂ© prendre davantage de risques quand Ă  ses prises de position. Un peu Ă  l’image de ce que peut faire Michel Onfray par exemple. J’ai trouvĂ© ainsi dommage que sur les questions d’immigrations, sujet polĂ©mique et pertinent s’il en est, avec ces clivages entre une Italie refusant les migrants, l’extrĂȘme droite Ă©tant au pouvoir et une position officielle française pour le moins ambiguĂ«.. j’aurais donc souhaitĂ© voir un humaniste tel que Laurent GaudĂ© prendre position de façon claire, le tout avec un propos ambitieux et salutaire. Hors l’auteur ne nous en dit pas plus sur ses solutions, doit-on accueillir tous ces ĂȘtres humains en souffrance ? le peut-on sans risquer la dĂ©stabilisation d’équilibres dĂ©jĂ  prĂ©caires ? enfin, j’aurais aimĂ© qu’il nous parle d’une Europe, qui n’est plus en paix, depuis que l’islamisme radical nous a dĂ©clarĂ© la guerre au nom d’une idĂ©ologie mortifĂšre. Quel place l’islam doit elle avoir en Europe ? Que faire face Ă  la montĂ©e des populismes d’extrĂȘme gauche ou d’extrĂȘme droite ? Ceux sont des sujets trĂšs complexes et je comprends parfaitement que rĂ©pondre Ă  ces interrogations auraient nĂ©cessitĂ© un travail diffĂ©rent. J’émets donc des rĂ©serves sur ce texte et surtout sur les derniers chapitres de Nous, l’Europe Banquet des peuples », je souligne la qualitĂ© littĂ©raire de ce rĂ©cit qui n’est pas sans rappeler, un autre auteur fascinant, aimant parler d’histoire Eric Vuillard. Lire Laurent GaudĂ©, quoiqu’il en soit, est toujours d’une infinie richesse intellectuelle. Son livre est bouillonnant et je le redis empli d’un souffle qui manque trop souvent Ă  nos hommes et femmes politiques. A lire en ces temps troublĂ©s. Ma note 3,5 /5. BrochĂ© 182 pages Éditeur Actes Sud 1 mai 2019 Collection Domaine français L’Histoire A la fin des annĂ©es 2060, la prĂ©sidente française de Transparence, une sociĂ©tĂ© du numĂ©rique implantĂ©e en terre sauvage d’Islande, est accusĂ©e par la police locale d’avoir orchestrĂ© son propre assassinat. Or au mĂȘme moment, son entreprise s’apprĂȘte Ă  commercialiser le programme Endless, un projet rĂ©volutionnaire sur l’immortalitĂ©, qui consiste Ă  transplanter l’ñme humaine dans une enveloppe corporelle artificielle. Alors que la planĂšte est gravement menacĂ©e par le rĂ©chauffement climatique, cette petite start-up qui est sur le point de prendre le contrĂŽle du secteur numĂ©rique pourra-t-elle sauver l’humanitĂ© ? Avec son dernier livre Transparence , Marc Dugain signe un roman d’anticipation qui est aussi une satire de notre monde ou tout du moins de ce qu’il sera en 2060. Avec fĂ©rocitĂ©, il s’attache Ă  nous offrir un condensĂ© de ce pourquoi l’humanitĂ© est en pĂ©ril. La cupiditĂ© des GAFA Google, Apple, Facebook, Amazon, l’argent vĂ©ritable veau d’or d’une sociĂ©tĂ© qui ne songe plus qu’à dilapider les ressources de la planĂšte pour conserver son mode de vie occidental et son idĂ©al consumĂ©riste, la duplicitĂ© du monde politique et des diffĂ©rentes religions monothĂ©istes Ă  ce titre le portrait fait de l’Église catholique et du Pape est d’une violence digne des brĂ»lots anti-clĂ©ricaux du dĂ©but du XXĂšme siĂšcle au moment de la loi 1905 de sĂ©paration de l’Église et de l’État. Transparence » est un pamphlet, c’est sa force mais aussi sa limite tant le trait semble manquer parfois de nuance. A trop vilipender les responsables de cette situation catastrophique pour l’avenir de la planĂšte, de l’humanitĂ© tout entiĂšre, Marc Dugain perd en luciditĂ©, en raisonnement, en complexitĂ© ce qu’il traduit par un trait de plume acerbe, colĂ©rique et provocateur. Le style d’écriture, point fort de ce grand auteur, est ici sans rĂ©el souffle. Ce qui au dĂ©part nous amuse, devient peu Ă  peu redondant et, disons le, assez vain. C’est dommage car l’histoire de cette petite sociĂ©tĂ© du numĂ©rique, transhumaniste, basĂ©e en Islande et dirigĂ©e par une Française qui grĂące au programme secret Endless » fait basculer le destin du monde, Ă©tait une belle idĂ©e. Trop court et caricatural pour ĂȘtre marquant, trop long pour susciter autre chose qu’un ennui poli, j’ai pour ma part trouvĂ© ce Transparence » trĂšs dĂ©cevant eu Ă©gard aux qualitĂ©s d’un Ă©crivain tel que Marc Dugain. Un rendez-vous manquĂ©. Ma note 3/5. BrochĂ© 224 pages Éditeur Gallimard 25 avril 2019
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Selon les derniers sondages, pas plus de 40 % des Ă©lecteurs iront voter dimanche 26 mai pour les Ă©lections europĂ©ennes. Le romancier et dramaturge Laurent GaudĂ© en appelle au "sursaut" dans un texte trĂšs fort en forme de chant l'Europe banquet des peuples Actes Sud. Laurent GaudĂ© trace dans ce poĂšme fulgurant toute l'histoire de l'Europe depuis la naissance des nations et de la sociĂ©tĂ© industrielle au XIXe siĂšcle, jusqu'Ă  l'Europe dĂ©senchantĂ©e d'aujourd'hui, en passant par la colonisation, les deux grandes guerres, la Shoah, le traitĂ© de Rome, mai 68 ou la Guerre Froide
 Un livre d'une puissance Ă©tonnante, que l'on lit d'un trait, et qui dresse un portrait bouleversant de cette Ă©trange entitĂ© qu'est l'Europe, aujourd'hui mise en pĂ©ril par la montĂ©e en puissance des europhobes. À quoi sert-elle ? Quel est son avenir ? Comment la construire ? Quel sens lui donner ? Comment Laurent GaudĂ© rĂ©ussit-il l'exploit de nous embarquer littĂ©ralement dans cette rĂ©flexion sur un sujet qui habituellement nous endort ? Parce que Laurent GaudĂ© nous plonge aux racines de l'Europe Laurent GaudĂ© plonge aux sources de l'Europe "Il faut fouiller dans le XIXe siĂšcle / Parce que dans ses entrailles il y a notre visage"Page 30. Au tout dĂ©but, il y a 1848, "la chute des rois coiffĂ©s comme des poupĂ©es de calĂšche", rappelle-t-il. "Quelque chose va naĂźtre / Et ce sera d'abord rouge et grimaçant". Des soulĂšvements, un peu partout en Europe, Palerme, Paris, Milan, Berlin
 "Nous sommes nĂ©s de l'utopie et du mĂ©contentement", souligne Laurent GaudĂ©. Vous avez peur ? interroge-t-il, alors "Pensez Ă  Hugo, et Ă  son exil". Les grandes rĂ©volutions ne se font pas dans le calme, et sans casse, rappelle l'Ă©crivain. Celle-lĂ , la premiĂšre, creuse le nid des nations, du suffrage universel, de la libertĂ© de la presse. "Et nous sommes lĂ , / Nous / Avec ces mots qui nous ont Ă©tĂ© lĂ©guĂ©s "Nation", "ÉgalitĂ©", "LibertĂ©"/ que nous contemplons avec fatigue. / Depuis si longtemps nous sommes citoyens de l'ennui. / Jeunesse ! / Jeunesse ! / Il nous faut ton sursaut." Parce qu'il dĂ©voile l'ADN de l'Europe, en racontant son histoire sans tabou AprĂšs avoir plongĂ© dans les racines, Laurent GaudĂ© remonte le fil du bois, sans nĂ©gliger aucune ramification la rĂ©volution industrielle, course effrĂ©nĂ©e, le progrĂšs, Ă©rigĂ© en valeur suprĂȘme, et les dĂ©gĂąts, dĂ©jĂ . Puis le colonialisme. "Pendant des siĂšcles, nous avons mangĂ© le monde", regrette le romancier, qui Ă©grĂšne les noms des tyrans, nous invitant Ă  cracher dessus LĂ©opold II, au Congo Lothar Von Trotha, et Heinrich Goering le pĂšre de Hermann ! en Namibie. "Tant d'hommes envoyĂ©s sur ces terres comme des chiens tout-puissants, se sont habituĂ©s Ă  rĂ©gner en petits tyrans, A violer tant qu'ils voulaient, A tuer sans consĂ©quences, A jouir en d'hommes en ont asservi tant d'autresEn ne voyant mĂȘme pas le mal
 Vernichnung Le mot est plantĂ© en terre Et ne cessera de croĂźtre". La boucherie de 14. Le traitĂ© de Versailles "une humiliation, nous le paierons". En attendant, l'Europe vit une parenthĂšse enchantĂ©e les annĂ©es 20. "L'Europe a besoin des seins de JosĂ©phine et des poĂšmes de Cendrars". De courte durĂ©e, la parenthĂšse. 1933, "une odeur nouvelle envahit Berlin". Partout en Europe, on dĂ©signe les "IndĂ©sirables". Laurent GaudĂ© les cite tous les Juifs en Allemagne, les Grecs en Turquie, les Turcs en GrĂšce, les Catalans, les rĂ©volutionnaires, les communistes, les RĂ©publicains, en Espagne
 Les premiers camps de concentration ouvrent leurs portes en France. La seconde guerre mondiale se prĂ©pare. Elle apporte avec elle les plus grands crimes contre l'humanitĂ©. "Et l'on s'arrĂȘte devant l'abĂźme, / Conscient de ne pouvoir que se taire". L'Europe s'est construite de sang, de larmes, mais aussi de lumiĂšres, rappelle le romancier. "Nous avons les hĂ©ros en partage / Qui nous ont lĂ©guĂ© un continent plus vaste que nos pays / Une terre que nous devons habiter / Pour eux, / Dans le sens de l'intelligence." Camus Parce qu'il nous explique pourquoi l'Europe d'aujourd'hui ennuie ses concitoyens C'est sans passion populaire que l'Europe telle qu'on la connaĂźt aujourd'hui s'est construite, nous dit Laurent GaudĂ©, "et c'est peut-ĂȘtre-lĂ  sa faute originelle", ajoute-t-il, s'Ă©tonnant d'une telle naissance, sans rĂ©volution, sans embrasement, "sans volontĂ© populaire qui renverse tout". Mais il fallait sans doute cela "aprĂšs la fureur de la guerre, aprĂšs les grandes foules fascinĂ©es par un seul homme aux mains tendues". Le romancier nous invite Ă  observer la photographie prise en 1957, qui immortalise la naissance de l'Europe, "une grande tablĂ©e oĂč tant d'hommes que nous ne connaissons pas signet des documents". Une nouvelle Europe est nĂ©e, "sans passion, sans emportement. / La nuance. / Et le compromis". Parce qu'il nous fait aimer cette Europe nĂ©e dans la douleur, et accouchĂ©e dans l'indiffĂ©rence des peuples Laurent GaudĂ© nous fait aimer cette Europe, comme on aime les ados mĂȘme s'ils sont ingrats dans tous les sens du terme parce qu'ils sont aussi une promesse. La Guerre froide, mai 68, les dĂ©sillusions et la chute du mur de Berlin, qui ouvre la voie Ă  l'Ă©largissement. Que sera l'Europe de demain ? "Le territoire est vaste et nous ne le connaissons pas. Il y a une Europe Ă  inventer", avance Laurent GaudĂ©. "Qui sommes-nous maintenant ? / Une nation de nations vaste, diffĂ©rente / Qui cherche le socle commun sur lequel elle pourra s'unir". Les EuropĂ©ens ont en commun d'avoir "traversĂ© le feu", dit-il. "Nous connaissons l'abĂźme, / nous avons Ă©tĂ© avalĂ©s par sa profondeur", mais l'Europe est aussi "un passĂ© qui veut devenir une boussole". Comment s'y prendre ? "Grand banquet. / C'est cela qu'il nous faut, maintenant. / De l'ardeur / De la chair et du verbe !", invite le romancier. Redonner la sĂšve Ă  une Europe nĂ©e de la raison, au "risque de devenir un grand corps vide". Donner chair Ă  une Europe qui n'a pas comme but ultime de "dominer le monde", mais d'ĂȘtre "Pour le monde entier / le visage lumineux / De l'audace / De l'esprit / Et de la libertĂ©". Parce qu'il fait usage de la force du poĂšte Laurent GaudĂ©, comme Hugo ou Camus, dĂ©montre magistralement que la littĂ©rature peut servir les idĂ©es. LĂ  oĂč les politiques, les Ă©ditorialistes Ă©chouent Ă  nous convaincre, le poĂšte emporte le morceau. Car si Laurent GaudĂ© nous raconte une histoire que nous connaissons dĂ©jĂ  par cƓur - nous l'avons Ă©tudiĂ©e Ă  l'Ă©cole dans les dĂ©tails - il nous donne l'impression de l'entendre pour la premiĂšre fois. Il fait mĂȘme mieux, il rĂ©ussit Ă  susciter l'Ă©motion, l'enthousiasme, amorçant lui-mĂȘme le mouvement qu'il appelle de ses vƓux, un mouvement nourri "de la chair, et du verbe". Le romancier et dramaturge dĂ©roule son texte comme un long poĂšme, comme une odyssĂ©e, comme un cri ininterrompu, qui nous emporte. On ne le lit pas, on se le dĂ©clame intĂ©rieurement. Une bonne nouvelle son texte est au programme du prochain Festival d'Avignon, dans une mise en scĂšne de Roland Auzet, du 6 au 14 juillet. Nous, l'Europe banquet des peuples, de Laurent GaudĂ© Actes Sud - 192 pages, 17,80 euros Ils'agit d'une histoire de famille, une mĂ©taphore de l'Europe avec une distribution extraordinaire. On peut la rapprocher de celle de Laurent L'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de... Lire la suite 7,40 € Neuf Poche ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 5,50 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 1 septembre et le 6 septembre L'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de ce texte en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'enthousiasmes, de dĂ©faites et d'espoirs. A l'heure oĂč certains doutent, oĂč d'autres n'y croient plus, ce rĂ©cit europĂ©en humaniste rappelle qu'une mĂ©moire commune, mĂȘme douloureuse, est un ferment d'avenir. C'est donc d'une plume ardente que Laurent GaudĂ© compose une Ă©popĂ©e invitant Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de Ia solidaritĂ© et de la libertĂ©. Date de parution 01/09/2021 Editeur Collection ISBN 978-2-330-15374-8 EAN 9782330153748 Format Poche PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 192 pages Poids Kg Dimensions 11,1 cm × 17,8 cm × 1,3 cm Biographie de Laurent GaudĂ© Romancier, nouvelliste et dramaturge nĂ© en 1972, Laurent CaudĂ© a reçu en 2004 le prix Goncourt pour son roman le Soleil des Scorta. Son oeuvre, traduite dans le monde entier, est publiĂ©e par Actes Sud. Nous l'Europe. Banquet des peuplesL'Europe, l'ancienne, celle d'un vieux monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie .
Du 4 au 23 juillet s’est tenu l’édition 2019 du Festival d’Avignon, la 73e. Si L’OdyssĂ©e se prĂ©sente comme le thĂšme principal du plus grand festival de théùtre au monde cette annĂ©e, une autre couleur vient teinter la programmation de cet Ă©tĂ©. L’Europe s’installe en effet comme irrĂ©mĂ©diable sujet de plusieurs spectacles phares du festival et rĂ©vĂšle de nombreuses caractĂ©ristiques propres Ă  une certaine frange de la crĂ©ation contemporaine qui dĂ©sire ardemment parler du prĂ©sent politique. Le Festival d’Avignon 2019 se voulait Ă©minemment politique, en Ă©cho avec les urgences de notre temps, ce que traduit l’édito d’ouverture de programme d’Olivier Py, directeur du festival depuis 2013. Il y Ă©nonce que l’objectif artistique de l’édition 2019 est de dĂ©sarmer les solitudes ». Le metteur en scĂšne nomme la nĂ©cessitĂ© prĂ©sente du théùtre, qui n’a qu’à ouvrir ses portes » pour faire acte de conscience politique ». Ainsi, face aux affres du consumĂ©risme et de la solitude contemporaine vĂ©hiculĂ©e entre autre par les rĂ©seaux sociaux, il rappelle qu’ĂȘtre ensemble ce n’est pas faire foule ou vibrer d’affects refoulĂ©s, c’est accepter une inquiĂ©tude commune et espĂ©rer le retour des mythes fondateurs ». C’est dans le charnier marin de la MĂ©diterranĂ©e qu’un de ce mythes Ă©merge l’OdyssĂ©e. Olivier Py prĂ©sentant le programme du 70e Festival d’Avignon ©Marianne Casamance On compte ainsi de nombreux spectacles sur ce thĂšme comme O agora que demora / Le prĂ©sent qui dĂ©borde – Notre OdyssĂ©e II de Christiane Jatahy, sur et avec les exilĂ©s contemporains ou L’OdyssĂ©e de Blandine Savetier, mise en scĂšne du texte de HomĂšre en 12 Ă©pisodes quotidiens, et bien d’autres faisant appel aux mythes de la GrĂšce Antique. Mais une autre inquiĂ©tude appelle au retour d’un autre mythe, plus rĂ©cent celui-lĂ . Cette inquiĂ©tude c’est celle de la menace prĂ©sente sans cesse dans l’actuel spectacle politico-mĂ©diatique de la montĂ©e des populismes », et le mythe Ă  convoquer pour la palier l’Europe. Ou l’Union europĂ©enne, on ne sait pas vraiment, la confusion s’entretient tout au long des propositions que nous allons aborder. Ainsi, face Ă  ces inquiĂ©tudes rappelons que Olivier Py met en garde de ne pas faire foule ou vibrer d’affects refoulĂ©s » auquel il prĂ©commande en remplacement le silence de la salle de théùtre permettant de percevoir le messianisme du collectif ». Ce parallĂšle religieux propre Ă  Py se place donc comme un appel au calme au milieu d’une fureur ambiante qui ne peut, bien entendu, qu’ĂȘtre nuisible pour la dĂ©mocratie, et de se poser calmement face aux mythes fondateurs pour rĂ©flĂ©chir sur le prĂ©sent. Architecture, grandes performances et vues de l’esprit C’est la tĂąche que se confie Architecture, Ă©crit et mis en scĂšne par Pascal Rambert, dans la cruciale Cour d’Honneur du Palais des Papes. Cruciale car depuis qu’il y a un Festival d’Avignon, chaque annĂ©e les regards se tournent vers le spectacle qui y est programmĂ© en ouverture. C’est celui dont France TĂ©lĂ©visions diffuse la captation, celui que tous les journalistes vont voir, celui dont tout le monde parle. Les critiques cette annĂ©e furent mitigĂ©es, soulignant un texte lourd, des comĂ©diens brillants dans un drame esthĂ©tiquement beau ou la vacuitĂ© d’un Ă©niĂšme spectacle comme celui-ci. Sur Avignon mĂȘme, le bouche-Ă -oreille des spectateurs penchait clairement vers la non-affection et les discussions s’animaient plus par le temps tenu avant de quitter le spectacle d’une durĂ©e de quatre heures que par le sort tragique des personnages et ce qu’il y a Ă  en retenir. ScĂ©nographie de “Architecture” avant le dĂ©but du spectacle.©Martin Mendiharat Architecture narre l’histoire d’une famille d’intellectuels viennois assistant Ă  l’explosion de la PremiĂšre Guerre Mondiale et Ă  la montĂ©e du nazisme, mourant tous de prĂšs ou de loin Ă  cause de ces deux Ă©vĂ©nements historiques. Pascal Rambert rĂ©unit une troupe de grands acteurs avec lesquels il a dĂ©jĂ  travaillĂ© par le passĂ© Emmanuelle BĂ©art, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Marie-Sophie Ferdane, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis PodalydĂšs en alternance avec Pascal RĂ©nĂ©ric, Laurent Poitrenaux et Jacques Weber ainsi que BĂ©rĂ©nice Vanvincq, pour une courte apparition finale. Cette famille va s’entredĂ©chirer sur une multitude de sujets, tant personnels que philosophiques, tout en observant avec frisson les fracas de l’époque Ă  laquelle elle assiste dans une grande croisiĂšre Ă  travers l’Europe. Le spectacle a une radicalitĂ© formelle qui peut en elle-mĂȘme dĂ©plaire c’est bien le propre de la radicalitĂ©, mais ne pĂȘche pas tant que ça par sa seule forme de longs discours » qui a pu lui ĂȘtre reprochĂ©. L’exercice en tant que tel est plutĂŽt rĂ©ussi, multipliant les moments virtuoses comme une scĂšne d’orgasme cĂ©rĂ©bral entre Julie Brochen et Jacques Weber, la rage de Stanislas Nordey contre le conservatisme tyrannique de son pĂšre au moment de lui dire qu’il est homosexuel ou les vocifĂ©rations troublantes et organiques de Laurent Poitrenaux. La force avec laquelle Nordey et Bonnet s’exprime dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, dĂ©passant l’amplification de leurs micros pour que leur voix nue rebondisse d’elle-mĂȘme sur les murs du bĂątiment est aussi impressionnante que la complicitĂ© amoureuse de cette derniĂšre avec Pascal RĂ©nĂ©ric ou Denis PodalydĂšs est belle. Tout comme l’esthĂ©tique d’ensemble du spectacle Ă©mane une certaine grĂące avec ces personnages principalement vĂȘtus de blanc s’entredĂ©chirant ou constatant le monde s’enflammer depuis la splendeur vacillante de leur bourgeoisie. Le tout se dĂ©roule dans une scĂ©nographie Ă©purĂ©e uniquement composĂ©e de quelques meubles des styles novateurs de l’époque, qui passent une majeure partie de leur temps cachĂ©s sous des draps blancs sur un sol de la mĂȘme couleur, balayĂ©s par les bourrasques de la Cour d’Honneur. Enfin et surtout l’architecture gothique du lieu sert de cadre idĂ©al Ă  cette famille dont le pĂšre architecte classique bĂątit l’Europe moderne qui sert de cadre au spectacle. Audrey Bonnet et Stanislas Nordey dans “ClĂŽture de l’amour”. ©Tania Victoria Il y a quelque chose d’introspectif pour Rambert dans ce spectacle. Il rĂ©unit et Ă©crit pour les actrices et les acteurs qui ont portĂ© ses spectacles emblĂ©matiques de la derniĂšre dĂ©cennie comme ClĂŽture de l’amour Audrey Bonnet et Stanislas Nordey, RĂ©pĂ©tition Emmanuelle BĂ©art, Audrey Bonnet, Denis PodalydĂšs, Stanislas Nordey, ou encore SƓurs Audrey Bonnet et Marina Hands, qui Ă©tait initialement prĂ©vue dans la distribution. La piĂšce est ponctuĂ©e de mĂ©ta-rĂ©fĂ©rences Ă  son Ɠuvre, non sans un certain humour Stanislas Nordey qui signifie Ă  un de ses interlocuteurs qu’il l’écoute sans parler, rĂ©pĂ©tant immĂ©diatement ses mots C’est marrant, t’écouter sans parler », allusion Ă  la forme des spectacles de Rambert pouvant s’apparenter Ă  des longs monologues que les personnages s’adressent, rapport radical Ă  la parole que l’on peut voir hĂ©ritĂ© du Manifeste pour un nouveau théùtre de Pasolini. Ce travail sur la parole face au prĂ©sent, que Rambert dĂ©veloppe depuis une dizaine d’annĂ©es, tient ici un rĂŽle essentiel dans l’action dramatique. C’est suite Ă  une onomatopĂ©e triviale prononcĂ©e Ă  voix haute par Nordey lors du discours de remise de mĂ©daille de son pĂšre jouĂ© par Jacques Weber que commence la piĂšce. Des sons Ă©mis par la parole mais sans aucun sens pour interrompre des discours conservateurs, telle est la rĂ©ponse que trouve ce fils philosophe face au rĂ©actionnaire vieillissant mais tout puissant qu’incarne son pĂšre. Les limites d’un engagement de surface Il y a toujours une frontiĂšre tĂ©nue entre les propos poĂ©tiques et fictionnĂ©s que Rambert donne Ă  ses personnages et le discours que portent ses piĂšces. Il ne s’embarrasse par exemple pas Ă  nommer ses personnages autrement que par le prĂ©nom des acteurs pour lesquels il Ă©crit, si ce n’est leur surnom Stan ». Ainsi dans Architecture il s’agit aussi pour le metteur en scĂšne de 57 ans de faire Ă©tat de sa condition d’artiste et d’intellectuel face Ă  ce qu’il voit du prĂ©sent. Et c’est lĂ  que le bĂąt blesse. Non pas que sa maniĂšre de dĂ©crire, selon lui, comment un paysage d’intellectuels prĂ©fĂšre observer et commenter avec dĂ©dain ou frayeur le prĂ©sent le parallĂšle entre, comme nous le disions, la montĂ©e des populismes » et l’avĂšnement du nazisme, est ici Ă  peine cachĂ© n’est pas rĂ©alisĂ©e avec une certaine justesse. Il s’agit sĂ»rement de l’expression sensible de ce qu’il ressent, lui, en haut de la pyramide institutionnelle du spectacle vivant mondial, et les personnes qu’il frĂ©quente, constatant sans vraiment la comprendre la terrible montĂ©e des populismes ». Le problĂšme est lĂ  l’absence de rĂ©ponse au prĂ©sent, et surtout l’absence de rĂ©elle remise en question. Dans l’entretien qu’il donne pour la feuille de salle du spectacle, Rambert ne nie pas le parallĂšle entre la famille qu’il dĂ©crit et l’Europe Cette dĂ©sunion est le reflet de leurs dĂ©saccords devant le grand pĂ©ril qui arrive. Comme elle ne sait pas s’unir, rien ne se passe. ». Rien ne se passe, et donc, c’est la victoire du fascisme. Cette dĂ©faite de l’HumanitĂ© qu’il prĂ©dit arriver Ă  nouveau si rien ne se passe » tient donc de la seule inaction du cadre qui est sensĂ© lui rĂ©sister. Du reste, aucune analyse sur les raisons de la montĂ©e de cette vague effroyable, au XXe siĂšcle comme aujourd’hui, et encore moins de remise en question du cadre en lui-mĂȘme. Ce cadre est pourtant parfaitement incarnĂ© par la famille haute-bourgeoise du spectacle et nous rappelle les mots d’un intellectuel ayant lui aussi assistĂ© Ă  l’éclatement de la PremiĂšre guerre mondiale et Ă  l’avĂ©nement du nazisme, Bertolt Brecht Dans un bref dĂ©lai, la bourgeoisie entiĂšre aura compris que le fascisme est le meilleur type d’État capitaliste Ă  l’époque prĂ©sente, comme le libĂ©ralisme Ă©tait le meilleur type d’État capitaliste Ă  l’époque antĂ©rieure. »1 Avec Architecture, Pascal Rambert nous offre un duplicata dans son style de nombreux spectacles se voulant engagĂ©s » et ne se cantonnant qu’à la creuse constatation des grands poncifs politiques du prĂ©sent sur lesquels il divague poĂ©tiquement durant des heures. Il est ainsi curieux dans un spectacle nous rĂ©pĂ©tant constamment de nous souvenir de l’Histoire passĂ©e de ne pas voir apparaĂźtre cette mise en perspective. Ce n’est pas le sujet du spectacle nous dira-t-on, soit, concentrons-nous alors sur ce qu’il dit du prĂ©sent. Pascal Rambert en 2015 ©Marc Domage Avec Architecture, Pascal Rambert nous offre un duplicata dans son style de nombreux spectacles se voulant engagĂ©s » et ne se cantonnant qu’à la creuse constatation des grands poncifs politiques du prĂ©sent sur lesquels il divague poĂ©tiquement durant des heures. Cette poĂ©sie est sensĂ©e par sa force gĂ©nĂ©rer un quelconque soulĂšvement mais pas de foule, souvenons-nous que la foule, ici encore, est le bras armĂ© du fascisme qui arrĂȘtera par la force de l’esprit et des bonnes idĂ©es les dĂ©moniaques forces nationalistes qui menacent nos dĂ©mocraties. PassĂ© l’épuisement et l’agacement de voir cette dĂ©marche si rĂ©currente ici consacrĂ©e dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, la question se pose du pourquoi. Postulons ceci Pascal Rambert a 57 ans aujourd’hui. Il a grandi durant la Guerre Froide, constamment confrontĂ© aux Ă©chos de la politique de masse, que ce soit dans l’URRS dont il a Ă©tĂ© le contemporain, ou par les rĂ©cits de ses parents, grands-parents qui ont connu la Seconde Guerre mondiale et ont Ă©galement Ă©tĂ© contemporains des pays fascistes d’alors. Il serait ainsi comprĂ©hensible de voir dans la gĂ©nĂ©ration de Rambert car il est loin d’ĂȘtre le seul une frayeur de l’artiste osant prendre Ă  bras le corps la question politique, osant toucher la notion d’idĂ©ologie », par peur de ressusciter les artistes propagandistes d’alors. Ainsi, alors que le prĂ©sent pousse irrĂ©mĂ©diablement Ă  aller toucher la question politique dans l’art que nous pratiquons, cette peur de l’artiste s’intĂ©ressant rĂ©ellement Ă  la politique gĂ©nĂšre une impasse dans les formes qui sont en rĂ©sultent. En voulant ardemment parler du prĂ©sent mais en refusant de dĂ©construire ses mĂ©thodes de fonctionnement, de s’intĂ©resser aux rapports de force, de causes Ă  effet, Ă  l’action rĂ©elle des dirigeants politiques, aux analyses Ă©conomiques, sociologiques, politiques, il semble qu’on ne peut aujourd’hui produire que des vues de l’esprit de ce dit prĂ©sent que l’on souhaite ausculter. Entendons-nous bien il ne s’agit pas lĂ  de promouvoir uniquement un art didactique marxiste d’Agit’prop et de nier le sensible au théùtre en le substituant par la seule activitĂ© de l’esprit de comprendre des fonctionnements du monde contemporain. La poĂ©sie a plus que jamais sa place sur nos scĂšnes, mais lorsqu’il s’agit d’aborder plus ou moins directement un aspect de notre prĂ©sent politique, elle se doit d’ĂȘtre expĂ©rience d’altĂ©ritĂ© pour le spectateur et pour l’artiste. Olivier Py dit qu’il veut dĂ©sarmer les solitudes », donc aller vers l’autre. Or, l’exercice que nous voyons lĂ  n’est que sublimation d’une vision autocentrĂ©e. À aucun moment ce fameux peuple qui porte les fascistes au pouvoir n’a la parole. Le seul personnage parlant du peuple et s’en revendiquant est le journaliste dĂ©magogue jouĂ© par Laurent Poitrenaux lorsqu’il dĂ©cide de soutenir la guerre dans son journal et de hurler que le peuple veut la guerre, que le peuple veut la violence et que lui parle du peuple. VoilĂ , le seul moment oĂč le peuple » est citĂ©. Certes, on peut se douter qu’il y a du recul Ă  avoir vis-Ă -vis de la vision du peuple qu’a ce personnage, mais il n’empĂȘche que c’est la seule et unique image qu’on nous en donne. Olivier Py dit qu’il veut dĂ©sarmer les solitudes », donc aller vers l’autre. Or, l’exercice que nous voyons lĂ  n’est que sublimation d’une vision autocentrĂ©e. À aucun moment ce fameux peuple qui porte les fascistes au pouvoir n’a la parole. L’aporie principale que l’on peut constater ici, gĂ©nĂ©rĂ©e par cette peur profonde de la masse et de l’artiste osant faire de la politique, est l’absence d’ouverture constructive Ă  retirer de ce spectacle. Sa conclusion en est l’apogĂ©e aprĂšs la mort de tous les personnages, une jeune actrice, BĂ©rĂ©nice Vanvincq, jouant Viviane la fille d’Audrey Bonnet et Pascal RĂ©nĂ©ric/Denis PodalydĂšs dans la piĂšce Ă  noter qu’elle est la seule Ă  ne pas se faire appeler par son vrai prĂ©nom, entre, portant un sac Hello Kitty » et erre au milieu des cadavres de ses prĂ©dĂ©cesseurs. Elle s’avance jusqu’à un micro placĂ© au milieu de la scĂšne et dit Quand vous avez dit Nous entrons dans des temps auxquels nous n’avions pas pensĂ© », je n’ai pas compris, qu’est-ce que ça voulait dire ? », faisant rĂ©fĂ©rence Ă  des mots prononcĂ©s par Audrey Bonnet quelques temps avant, puis noir et fin du spectacle. La seule ouverture ici donnĂ©e est une leçon de morale Ă  une jeunesse dĂ©crite comme inconsciente, qui n’aurait pas mĂȘme pas compris le thĂšme rabĂąchĂ© durant les quatre heures de spectacles gare au fascisme. L’ordre est donnĂ© de faire quelque chose. Quoi ? On ne sait pas, c’est visiblement trop tard pour cette gĂ©nĂ©ration qui se retire du combat. Nous l’Europe, banquet des peuples, une certaine vision de l’histoire europĂ©enne Si Architecture pĂšche par manque de volontĂ©, un autre spectacle cette fois-ci saluĂ© par la critique en contraste avec la proposition de Rambert, offre une vision bien particuliĂšre de l’histoire politique contemporaine. Il s’agit de Nous l’Europe, banquet des peuples, d’aprĂšs le texte Ă©ponyme de Laurent GaudĂ© Prix Goncourt 2004 pour Le Soleil des Scorta publiĂ© chez Actes Sud cette annĂ©e, mis en scĂšne par Roland Auzet, compositeur et metteur en scĂšne de théùtre musical. Le spectacle créé pour le Festival d’Avignon dans la Cour du LycĂ©e Saint-Joseph se propose de raconter et de questionner l’histoire de l’Europe Ă  partir de l’essai/poĂšme de GaudĂ©. Il est portĂ© par 11 acteurs/chanteurs de nationalitĂ©s diffĂ©rentes et d’un chƓur composĂ© de professionnels et d’amateurs de la rĂ©gion d’Avignon. Le spectacle se veut rĂ©explorer l’histoire de l’Europe par le biais du Nous ». Roland Auzet dit Nous ne cherchons pas Ă  faire le procĂšs de l’Histoire, plutĂŽt Ă  saisir ce qui dans son flot nous rassemble. Y parvenir, c’est dĂ©finir une utopie Ă  mĂȘme de nous accompagner dans les annĂ©es qui viennent
 sinon ce sera la catastrophe. » Laurent GaudĂ©, auteur de “Nous l’Europe, banquet des peuples”, ©ΛΊΠ Le ton est donnĂ©. Il Ă©tait relativement prĂ©visible que le spectacle soit bienveillant vis-Ă -vis de la construction europĂ©enne. La forme musicale, Ă  partir d’un dispositif immersif de musique acousmatique, aurait pourtant pu apporter l’altĂ©ritĂ© nĂ©cessaire pour ne pas imposer de rĂ©ponse formatĂ©e aux questions actuelles quant Ă  l’Europe. Les premiers mots du spectacle sont ainsi une tirade rythmique sur le bafouement du Non » au RĂ©fĂ©rendum de 2005 suite Ă  la ratification par Sarkozy du TraitĂ© de Lisbonne deux ans plus tard, expliquant que la dĂ©fiance populaire française vis-Ă -vis de l’Union europĂ©enne vient de lĂ . PlutĂŽt juste. La suite de la premiĂšre partie questionne la naissance de l’idĂ©e d’Europe au 19e siĂšcle, Ă  travers un enchaĂźnement de prises de paroles et tableaux oĂč les comĂ©diens portent les mots de GaudĂ©. Plusieurs points de vue se confrontent le Printemps des peuples de 1848, l’émergence des chemins de fer Ă  partir de 1830 reliant les pays mais allant de pair avec l’émerge du capitalisme exploitant avec une impressionnante sĂ©quence sur les Gueules noires, ou encore la ConfĂ©rence de Berlin de 1885, premier sommet Ă©conomique europĂ©en ayant pour but d’organiser la division coloniale de l’Afrique. Un personnage rappelle que l’Allemagne a expĂ©rimentĂ© le systĂšme concentrationnaire et la politique d’extermination en Namibie. Il cite les diffĂ©rents responsables des horreurs coloniales suivis de l’injonction Crachez sur son nom » dans une litanie de plus en plus furieuse et est Ă©trangement calmĂ©e par l’ensemble des autres comĂ©diens se rapprochant de lui. On peut donc parler de ces criminels mais il ne faut pas trop s’énerver face Ă  l’horreur de leurs actions. Soit. Puis vient l’horreur nazie, la complexitĂ© pour l’Allemagne de se reconstruire pour des gĂ©nĂ©rations se demandant si leurs parents n’étaient pas des SS avec une puissante chanson l’actrice/chanteuse allemande Karoline Rose Ă  ce sujet. Et puis pause. La lumiĂšre se rallume, le chƓur et les comĂ©diens reviennent tous sur scĂšne. C’est le moment du grand tĂ©moin. Ce moment a fait parler dans la presse c’est celui oĂč François Hollande est montĂ© sur scĂšne lors de la premiĂšre du spectacle le 6 juillet. Des grands tĂ©moins aux grandes ressemblances Chaque soir est donc invitĂ© un grand tĂ©moin de la construction europĂ©enne » Ă  qui est posĂ© quelques questions, les mĂȘmes chaque soir. AprĂšs François Hollande, ce furent AurĂ©lie Filipetti, Susan George, Aziliz Gouez, Ulrike GuĂ©rot, Pascal Lamy, Eneko Landaburu, Enrico Letta, GeneviĂšve Pons et Luuk van Middelaar qui furent conviĂ©s. C’est Ă  ce moment que la diversitĂ© de points de vue commence Ă  s’effriter, avec un spectre de couleur politique des intervenants relativement rĂ©duit. On identifie donc François Hollande, AurĂ©lie Filipetti et Pascal Lamy issus du Parti Socialiste, ainsi qu’Aziliz Gouez issue de Place Publique et sur la liste de RaphaĂ«l Glucksmann aux Ă©lections europĂ©ennes, Eneko Landaburu du PSOE espagnol, Enrico Letta du Parti DĂ©mocrate italien, GeneviĂšve Pons, directrice de bureau de l’Institut Jacques-Delors, think-tank de centre-gauche europĂ©en dont Letta est l’actuel prĂ©sident et dont font partie toutes les personnalitĂ©s que nous venons de citer. L’once de variation politique se veut ĂȘtre incarnĂ©e par Ulrike GuĂ©rot, ancienne collaboratrice du porte-parole de la CDU allemande et qui collabore ponctuellement avec l’Institut Jacques-Delors, Susan George, co-fondatrice d’ATTAC et proche de Nouvelle Donne, alliĂ© du PS aux derniĂšres Ă©lections, et Luuk van Middelaar, philosophe néérlandais membre de cabinet d’Herman Van Rompuy, prĂ©sident conservateur du Conseil EuropĂ©en de 2010 Ă  2014. Chaque soir est donc invitĂ© un grand tĂ©moin de la construction europĂ©enne » Ă  qui est posĂ© quelques questions, les mĂȘmes chaque soir. C’est Ă  ce moment que la diversitĂ© de points de vue commence Ă  s’effriter, avec un spectre de couleur politique des intervenants relativement rĂ©duit. François Hollande aux 20 ans de l’Institut Jacques-Delors. ©David Pauwels Lors de la reprĂ©sentation Ă  laquelle nous avons assistĂ©, ce fĂ»t Ă  Aziliz Gouez que la parole a Ă©tĂ© donnĂ©e pour une tribune d’une quinzaine de minutes trĂšs similaire aux discours de sa liste aux europĂ©ennes plaidant pour une Europe des peuples avec quelques Ă©lans politiques sans grande prĂ©cision et diverses contradictions dans un discours visiblement prĂ©parĂ© Ă  l’avance. Elle indique rĂȘver d’une Europe qui ne sera pas pensĂ©e par les bureaucrates », pour ensuite dire que le moment oĂč elle s’est sentie la plus europĂ©enne Ă©tait
 une rĂ©union de bureaucrates europĂ©ens pour la rĂ©daction d’un discours avec ses partenaires allemands l’Europe qu’elle connaĂźt mieux », celle du couple franco-allemand. Elle rĂȘve d’une Europe oĂč il n’y a pas que les Ă©tudiants qui circulent entre les pays, mais aussi les apprentis car il y a les mains aussi », et pas un mot sur le dumping social. Les spectateurs applaudissent avec enthousiasme. Un rĂ©cit officiel, partiel et inquiĂ©tant La deuxiĂšme partie du spectacle raconte la construction de l’Union europĂ©enne telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ou plus prĂ©cisĂ©ment la version mainstream de la construction de l’Union europĂ©enne. Une Union pensĂ©e suite aux affres des foules dogmatiques de la Seconde Guerre mondiale et contre les barbelĂ©s d’Allemagne de l’Est. On pointe ses quelques difficultĂ©s de fonctionnement comme sa lenteur de prise de dĂ©cision politique. Quelques minutes sont attribuĂ©es aux deux grands Ă©checs admis de l’UE la guerre de Yougoslavie et la crise grecque. Cela dit, aucun nom n’est citĂ© cette fois-ci, et ces deux moments ne durent pas plus de quelques minutes. L’ensemble est vite noyĂ© dans un relativisme inquiĂ©tant, disant qu’aprĂšs tout c’est compliquĂ© de se mettre d’accord Ă  27 dans le syndic de son immeuble », alors imaginez Ă  l’échelle de l’Europe ! Et qu’aprĂšs tout, c’est beau 27 pays qui font converger leurs intĂ©rĂȘts Ă©conomiques », dĂ©claration que de nombreux Ă©conomistes pourraient contester non pas sur la beautĂ© mais la convergence. Le spectacle se termine sur un questionnement sur l’Ode Ă  la joie de Beethoven comme hymne europĂ©en, qui n’est selon les personnages pas trĂšs entraĂźnant et ne donne pas envie de se lever pour lui. Ils choisissent alors Hey Jude des Beattles, repris en chƓur en invitant les spectateurs Ă  venir danser dessus en claquant des mains au dessus de leur tĂȘte pour terminer le spectacle. Une Ă©trange scĂšne finale bouffie de bons sentiments proche de la messe, oĂč les spectateurs peinent Ă  avoir envie de venir danser sur scĂšne mais offrent une standing ovation au spectacle. Sans faire la sociologie du spectateur du festival d’Avignon ravi de sa soirĂ©e, ce spectacle est pour le moins inquiĂ©tant. On peut retenir de nombreuses trouvailles esthĂ©tiques et autres moments trĂšs beaux, mais la construction dramaturgique mĂȘme du spectacle finit par ĂȘtre propre Ă  la construction de l’Union europĂ©enne ordolibĂ©rale actuelle. Le rĂ©cit qui est fait est celui que cette derniĂšre raconte l’Union s’est construite sur les ruines des dictatures que les foules passionnĂ©es avait mises au pouvoir et elle est la seule garante pour empĂȘcher la montĂ©e des populismes ». Aucune vision critique de son fonctionnement, aucune allusion aux autres rĂ©fĂ©rendums qu’elle a bafouĂ©s, Ă  aucun moment les États-Unis d’AmĂ©rique ne sont citĂ© dans la construction de l’Europe post-Seconde Guerre mondiale. L’expĂ©rience d’altĂ©ritĂ© se base uniquement sur une distribution d’acteurs de diffĂ©rentes nationalitĂ©s mais qui tiennent au final le mĂȘme discours de surface. Du reste, on se contente de taper des mains pour cĂ©lĂ©brer tous ensemble le mythe de cette Europe qui nous protĂšge des dictateurs. On note plusieurs moments reconstituant les interrogatoires complexes et violents auxquels sont soumis les migrants en arrivant vraisemblablement en France, mais sans explorer plus loin la crise migratoire. Le rĂŽle du chƓur, grand groupe de personnes de divers Ăąges et divers origines, est aussi caractĂ©ristique il n’est prĂ©sent que pour la grande image du dĂ©but, pour entourer le grand tĂ©moin et pour la chant collectif final, hormis quelques enfants qui en sont issus venant parfois faire les figurants. Du reste, ils sont cantonnĂ©s sur les cĂŽtĂ©s, assis pour accompagner discrĂštement le grand rĂ©cit de l’Europe. LĂ  encore, on retrouve cette peur de la foule. À l’exception prĂšs du moment oĂč il faut chanter en chƓur pour l’Union europĂ©enne oĂč, spĂ©cifiquement Ă  cet instant, il faut faire masse. Alors qu’on vient de nous dire que l’Europe s’est construite aprĂšs les ravages des pays oĂč des foules scandaient la mĂȘme chose ? Un des acteurs se met mĂȘme Ă  entonner Banquet des peuples ! Banquet des peuples ! » comme un slogan politique, que personne ne reprend, mais qu’il essaye une seconde fois en agitant ses bras pour faire signe de reprendre avec lui. Étrange paradoxe. On se doute qu’il aurait Ă©tĂ© compliquĂ© de laisser le public intervenir pour poser ne serait-ce qu’une question au grand tĂ©moin quoi que ?, mais le format vĂ©hiculĂ© par le spectacle reste celui oĂč une masse silencieuse reçoit un discours monolithique et didactique sur un cadre politique qui, certes n’est pas parfait, mais aprĂšs tout reste mieux que le fascisme. DĂšs qu’il s’agit du prĂ©sent, encore une fois aucune analyse, aucun questionnement, aucune remise en question n’est faite sur pourquoi les nationalistes montent. L’expĂ©rience d’altĂ©ritĂ© se base uniquement sur une distribution d’acteurs de diffĂ©rentes nationalitĂ©s mais qui tiennent au final le mĂȘme discours de surface. Du reste, on se contente de taper des mains pour cĂ©lĂ©brer tous ensemble le mythe de cette Europe qui nous protĂšge des dictateurs. L’actuelle vacuitĂ© des spectacles se voulant politiques » ? Ces deux spectacles phares de la 73 Ă©dition du Festival d’Avignon sont caractĂ©ristiques d’une impasse dans laquelle nombre de spectacles produits dans les grandes institutions qui peuvent Ă©galement parfois ĂȘtre vecteurs d’innovations tombent. Celui, au final, de ne reproduire que le diptyque gouvernemental dĂ©fendre le cadre actuel ou ce sera le chaos. AmĂ©liorer le libĂ©ralisme ou ça sera le fascisme. MĂȘme les spectacles se voulant moins tendres avec le pouvoir DĂ©votion de ClĂ©ment Bondu ou Le prĂ©sent qui dĂ©borde, de Christiane Jatahy se heurtent encore Ă  la seule critique triste. Ces spectacles ont une volontĂ© de parler du prĂ©sent politique et historique qui peut ĂȘtre belle, mais confrontĂ©e Ă  l’irrĂ©mĂ©diable plafond de verre du manque de volontĂ©, de regard, et d’analyse politique du monde dĂ©bouchant Ă  une absence d’ouverture sur autre chose. Ils ne font que confirmer ce qu’analyse Olivier Neveux dans son rĂ©cent et trĂšs pertinent Contre le théùtre politique Se satisfaire de rĂ©citer que le théùtre est par essence politique », assurer que le théùtre est politique ou il n’est pas théùtre », produit chaque fois le mĂȘme effet Ă©vincer la politique. »2 Toute autre rĂ©ponse politique au prĂ©sent, sans pour autant vouloir donner de solution miracle, est ici niĂ©e par manque de reprĂ©sentation. On se retrouve avec un festival voulant dĂ©sarmer les solitudes qui se s’avĂšre surtout ĂȘtre une machine Ă  broyer les imaginaires. PlutĂŽt que d’appeler aux mythes passĂ©s pour resserrer un prĂ©sent dĂ©faillant, pourquoi ne pas imaginer de nouvelles histoires et de nouveaux mythes ? Ne pas faire foule ou vibrer d’affects refoulĂ©s » est bien le cul de sac discursif dans lequel l’actuelle direction du festival fonce en niant constamment le cri qui habite une frange de la population qui n’en peut plus. À l’image de la poitrine gauche d’Olivier Py qui arborait un badge SOS MĂ©diterranĂ©e » dans les salles du Festival, et quelques mois plus tĂŽt la LĂ©gion d’honneur dans les bras de Brigitte Macron, les quelques indignations pour cocher les cases du minimum syndical d’un art voulant parler du prĂ©sent ne peuvent plus suffire sans aller explorer ses racines et ouvrir la voie sur d’autres futurs. Concert Ă  la Maison Jean Vilar d’une partie du groupe MaulwĂŒrfe, formĂ© suite au spectacle “La Nuit des taupes” de Philippe Quesne. ©Martin Mendiharat Mais le spectacle vivant n’est pas pour autant politiquement mort. Citons par exemple les 12 heures de la scĂ©nographie que la Maison Jean Vilar accueillait le 10 juillet en Ă©chos au brillant retour de la France Ă  la Quadriennale de ScĂ©nographie de Prague. À travers des lectures, une exposition, une table ronde autour du thĂšme Mondes imaginaires, mondes possibles » et mĂȘme une DJ Set du groupe de taupes MaulwĂŒrfe, quelques heures furent consacrĂ©es Ă  comment imaginer demain et comment le spectacle vivant pouvait y contribuer par ses nĂ©cessaires capsules de fiction » comme l’y a dit Philippe Quesne. Du reste, la programmation de cette annĂ©e est loin d’avoir fait l’unanimitĂ©. Que ce soit dans les rues, aux terrasses des cafĂ©s ou dans les heures plus festives de la nuit, nombres de jeunes ou moins jeunes artistes et spectateurs prĂ©sents au Festival avaient pour sujet de discussion la lassitude de cette bien-pensance théùtrale et une aspiration Ă  autre chose. N’en dĂ©plaise Ă  Olivier Py, sa volontĂ© de dĂ©sarmer les solitudes aura peut-ĂȘtre plutĂŽt, Ă  l’image d’une des multiples inscriptions qui fleurissaient de nuits en nuits sur les murs d’Avignon, donnĂ© l’envie que l’on arme nos solitudes ». Bertolt, Plateforme pour les intellectuels de gauche », In Écrits sur la politique et la sociĂ©tĂ©, L’Arche, 1970 Olivier, Contre le théùtre politique, La Fabrique, 2019
Nous l’Europe, Banquet des peuples, spectacle polyphonique, fait du public une assemblĂ©e de poĂštes-citoyens, acteurs d’un changement. Une mosaĂŻque de langues pour une Europe plurielle, oĂč l’art fortifie le politique, avec le vƓu que celui-ci considĂšre l’existence de chacun. A chaque soirĂ©e une personnalitĂ© est invitĂ©e Ă  venir dialoguer avec les acteurs.
L’une des crĂ©ations les plus attendues de ce Festival d’Avignon 2019 Ă©tait Nous, l’Europe, Banquet des Nations, spectacle prĂ©sentĂ© dans la Cour du LycĂ©e Saint-Joseph. Alors que dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes Pascal Rambert et ses acteurs soulevaient la question du nationalisme Ă  travers le portrait d’une famille d’artistes de la veille de la PremiĂšre Guerre mondiale Ă  celle de la Seconde, Laurent GaudĂ© et Roland Auzet choisissent de traiter la mĂȘme problĂ©matique Ă  l’échelle europĂ©enne et non intime, avec des comĂ©diens de toute nationalitĂ©s. Ces spectacles sont comme l’envers l’un de l’autre, leurs dĂ©fauts et leurs qualitĂ©s paraissant symĂ©triquement opposĂ©s si l’on en croit les retours qui ont entourĂ© l’accueil d’Architecture. Alors que la derniĂšre Ɠuvre de Rambert est taxĂ©e d’ĂȘtre bavarde mais que le jeu de ses acteurs est chaque fois louĂ©, la langue de GaudĂ© se distingue Ă  nouveau par sa beautĂ© et sa justesse, au point presque de menacer toute possibilitĂ© de jeu pour les acteurs. Le 13 juillet au soir, le mistral souffle et fait s’envoler les matelas posĂ©s avec la rĂ©gularitĂ© des croix dans les cimetiĂšres normands. Les rĂ©gisseurs qui viennent chaque fois les replacer ne rĂ©ussissent pas Ă  les discipliner, et les matelas continueront de se dĂ©placer mĂȘme une fois le spectacle commencĂ©. Les acteurs, les chanteurs et le musicien qui s’installe Ă  jardin derriĂšre sa batterie finissent nĂ©anmoins par arriver et occuper cet espace d’emblĂ©e troublĂ©, et crĂ©ent aussitĂŽt un effet de masse. Ils sont en effet 11 comĂ©diens, un chƓur, une maĂźtrise, et un autre chƓur de chanteurs amateurs. Toutes les couleurs qu’ils portent, les styles d’habits qu’ils affichent et les Ăąges qu’ils laissent deviner donnent Ă  voir une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© authentique. Pas un melting pot stylisĂ©, faux, mais bel et bien un Ă©chantillon, dont on ne sait pas exactement encore ce qu’il reprĂ©sente Ă  part nous-mĂȘmes. Quand commencent Ă  parler les acteurs, cette diversitĂ© qui coexiste sur le plateau se confirme. Ils parlent français, anglais, polonais, espagnol, italien, arabe, portugais
 bref une bonne partie des langues qui se parlent aujourd’hui en Europe. Micro HF Ă  la joue, les acteurs s’attaquent Ă  elle et la questionnent commençant par l’épisode le plus critique, ou du moins le plus actuel le Brexit, jamais nommĂ©, nĂ© d’un Non retentissant qui n’a toujours pas Ă©tĂ© actĂ©, que les autoritĂ©s en charge tentent de transformer en Oui, comme si le Non n’avait pas Ă©tĂ© entendu, ne convenait, n’avait Ă©tĂ© que la consĂ©quence d’une menace que l’on n’ose pas exĂ©cuter. C’est Emmanuel Schwartz qui soulĂšve les contradictions de cette situation, et Ă©pice d’une touche de comique son absurditĂ© par le sel de sa personnalitĂ©. AprĂšs lui, Thibault Vinçon prend la parole et demande aux autres d’oĂč ils se sentent, et les amĂšne Ă  dĂ©cliner les cercles concentriques de la gĂ©ographie qui les dĂ©finit. Ainsi commence le long poĂšme » de Laurent GaudĂ©, dĂ©signĂ© ainsi par l’auteur et le metteur en scĂšne alors que le titre du spectacle Ă©voque le genre du banquet, repas d’apparat mais aussi discussion Ă  teneur philosophique dans la lignĂ©e de Platon. Le mot poĂšme met pluĂŽtt l’accent sur la qualitĂ© de la langue de GaudĂ©, une langue Ă  part, Ă  la fois prĂ©cisĂ©ment Ă©crite et en mĂȘme temps intrinsĂšquement orale, qui appelle la mise en voix mais qui ne peut ĂȘtre articulĂ©e que de biais, entre le public, avec le soutien d’un micro, et les partenaires qui occupent le plateau, qui ne sont pas vraiment des interlocuteurs, encore moins des personnages, Ă  peine des supports de cette parole qui se tient toute seule. Ce poĂšme donc, est scandĂ© par le chant – les choristes de l’OpĂ©ra du Grand Avignon restent tout au long du spectacle sur les cĂŽtĂ©s de la scĂšne quand ils ne viennent pas ponctuellement recrĂ©er l’effet de masse initial – et par des intertitres projetĂ©s sur le panneau qui sert de fond, qui mettent en Ă©vidence la trajectoire historique suivie. Depuis le Brexit, les acteurs se mettent en quĂȘte du dĂ©but de l’Europe, de l’idĂ©e d’Europe aujourd’hui nommĂ©e Union EuropĂ©enne. On pense aussitĂŽt Ă  l’aprĂšs-Seconde Guerre mondiale, mais GaudĂ© remonte plus loin, en 1848. Il voit dans le Printemps des peuples », les rĂ©volutions qui agitent en mĂȘme temps la France, l’Allemagne, l’Italie, la Hongrie, la Pologne et l’Autriche, les revendications similaires des travailleurs de pays diffĂ©rents, la naissance d’une conscience transfrontaliĂšre. Ceci posĂ©, il remonte encore le temps et propose Ă©galement 1830, l’invention du chemin de fer, qui raccourcit les distances, fait gagner du temps, accĂ©lĂšre l’industrialisation et envahit bientĂŽt toute l’Europe jusqu’à la constituer en rĂ©seau. DostoĂŻevski, qui voyait dans cette invention une menace pour la civilisation russe, l’étoile absinthe » de l’apocalypse que promet d’ĂȘtre le XXe siĂšcle, aurait approuvĂ© ce point de dĂ©part – mais pour dĂ©plorer la suite. GaudĂ©, lui, s’en sert pour rejoindre le prĂ©sent de guerre en crise. Il Ă©voque la colonisation, le moment oĂč les pays riches se sont mis d’accord pour se disputer la part du gĂąteau africain se posant comme seule rĂšgle de respecter les limites d’une autre influence », oĂč l’exploitation s’est substituĂ©e Ă  l’esclavage, oĂč le Congo est devenu la propriĂ©tĂ© privĂ©e du roi des belges. Puis la montĂ©e du nationalisme Ă  la veille des deux Guerres mondiales, la CommunautĂ© du Fer et de l’Acier, la Guerre froide, la guerre de Bosnie, et ainsi jusqu’aux crises migratoires d’aujourd’hui. Mais GaudĂ© ne rappelle pas ces drames de l’histoire pour critiquer l’Europe. Il veut au contraire rappeler l’utopie qu’elle a Ă©tĂ©, les principes qui l’ont fondĂ©e, ses valeurs d’origine qui sont indiscutables la libertĂ© d’expression, l’égalitĂ©, l’abolition de la peine de mort, imposĂ©s comme prĂ©alables Ă  la mise en place de la libre circulation et de la coopĂ©ration Ă©conomique. Pour ancrer le propos de GaudĂ©, le metteur en scĂšne Roland Auzet a choisi d’inviter chaque soir une personnalitĂ© diffĂ©rente qui a jouĂ© un rĂŽle dans le maintien et la dĂ©fense de l’Union EuropĂ©enne. Le 13 juillet, l’invitĂ© d’honneur Ă©tait Eneko Landabaru, qui a fait partie de la Commission europĂ©enne, notamment en tant que Directeur gĂ©nĂ©ral de la Politique rĂ©gionale et de cohĂ©sion de la CommunautĂ©, et qui est aujourd’hui dĂ©putĂ© du Parlement basque. L’écartĂšlement dans lequel ses fonctions l’ont pris entre la dĂ©fense de l’Europe et celle de l’identitĂ© basque en dit long sur sa vision de l’Europe, non pas comme uniformisation des diffĂ©rences mais coexistence des richesses culturelles. Quand Eneko Landabaru monte sur scĂšne et prend le micro qu’on lui tend, ce qui distingue une prise de parole artistique d’une prise de parole politique saute aux yeux. Sa façon de parler, de se tenir sur scĂšne, sont bien celles d’un homme politique. NĂ©anmoins, il n’est pas ici pour ĂȘtre jugĂ©, critiquĂ©, pointĂ© du doigt, mais au contraire accueilli comme un expert de la question, aussi porteur de rĂȘves et de regrets. Le plus grand regret qu’il avoue rĂ©sonne avec force il est celui d’avoir fondĂ© l’Europe sur des principes avant tout Ă©conomiques, alors que d’autres choses auraient pu constituer un ferment plus sĂ»r pour l’Union. D’autres choses comme la culture. Le projet de GaudĂ© et Roland Auzet est justement de remĂ©dier Ă  ce manque. Dans les notes d’intentions et entretiens qui entourent le spectacle, ils disent en effet cette ambition dĂ©mesurĂ©e de construire le rĂ©cit europĂ©en », de rĂ©pondre au besoin de rĂ©cit capable de fonder le sentiment d’appartenance qui selon eux fait aujourd’hui dĂ©faut Ă  l’Europe – besoin de rĂ©cit qui transparaĂźt Ă  chaque page du vaste catalogue du Festival Off
 Pour construire ce rĂ©cit, ils Ă©crivent donc ensemble une histoire europĂ©enne qui se dit en plusieurs langues, en musique et en chant, et avec un peu de danse grĂące Ă  Artemis Stavridi, trop peu mise Ă  contribution. Ce qui est dommage dans ce vaste projet théùtral, c’est qu’il manque de théùtre justement, de corps et d’images créées dans le temps unique de la reprĂ©sentation, qui pourraient servir de base Ă  une sensibilitĂ© commune. Celles qui sont esquissĂ©es manquent de puissance, ne sont pas Ă  la hauteur des mots de GaudĂ©, qui touchent profondĂ©ment quoique trop rapidement dans le flux du spectacle, de sa langue douĂ©e de formules qui loin de simplifier placent au cƓur des contradictions et mettent sur la voie de la complexitĂ© de l’histoire et du prĂ©sent. Se fiant au texte de GaudĂ©, bien structurĂ©, bien rythmĂ©, parfois imprĂ©visible alors qu’il paraĂźt suivre le cours de l’histoire, qui se permet des dĂ©tours et des retours, Roland Auzet se donne en effet surtout pour tĂąche de diriger les comĂ©diens pour qu’ils s’emparent de ce poĂšme, qu’ils accompagnent de leur Ă©nergie cette langue Ă©pique. Ils y rĂ©ussissent et arrivent sans peine Ă  nous entraĂźner dans cette Ă©popĂ©e, sans que l’on sache bien jusqu’oĂč on ira comme ça. Car le problĂšme de ce voyage est bien de l’achever, de ramener Ă  l’actualitĂ©, de l’ouvrir au prĂ©sent. Alors que les chants du poĂšme de GaudĂ© disent Ă  tout instant que chaque Ă©tape de constitution de l’Europe a Ă©tĂ© plurivoque, polyphonique, complexe, que les diffĂ©rentes langues des acteurs et les bouts d’histoire qu’ils laissent entrevoir ont soulignĂ© la spĂ©cificitĂ© europĂ©enne, sa diversitĂ© qui est sa fragilitĂ© autant que sa force, le spectacle d’Auzet se termine littĂ©ralement Ă  l’unisson. Il se laisse sĂ©duire par la facilitĂ© du chant en chƓur, qui n’est plus remarquable par toutes les voix diffĂ©rentes qu’il fait entendre mais par l’effet galvanisant qu’il produit quand tout le monde chante les mĂȘmes notes en mĂȘme temps. Proposant de substituer Ă  l’Hymne Ă  la joie un peu plan-plan une chanson connue de tous dont la mĂ©lodie entĂȘtante devrait rĂ©ussir Ă  rĂ©insuffler Ă  tous les pays d’Europe, mais surtout Ă  tous les EuropĂ©ens, le mĂȘme Ă©lan qui manque aujourd’hui Ă  faire vivre l’utopie europĂ©enne, les acteurs invitent les spectateurs Ă  monter sur scĂšne et Ă  s’unir Ă  eux pour crĂ©er le mouvement dont l’Europe a besoin pour survivre. L’entreprise est sĂ©duisante, mais malgrĂ© ce que dit GaudĂ©, on a du mal Ă  croire qu’une chanson fera la diffĂ©rence, et on prend le risque de passer pour sceptique en n’adhĂ©rant pas pleinement, convaincus qu’au chant il aurait fallu prĂ©fĂ©rer des images et des corps plus prĂ©sents sur scĂšne, qui auraient pu prolonger la rĂ©flexion et lui donner le relief de la sensibilitĂ©. A dĂ©faut de cela, resteront de ce banquet les mots de GaudĂ© et la force avec laquelle les acteurs auront cherchĂ© Ă  les faire retentir dans le mistral. F. Pour en savoir plus sur Nous, l’Europe
 », rendez-vous sur le site du Festival d’Avignon.
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